Ubériser l’Intérim

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  • Date de Publication: 10/11/2015
  • Catégories: Les tribunes
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Description

Par Julien Perona, cofondateur et PDG d'Addworking, Agence d'emploi digitale spécialisée dans le hors salariat. Diplômé d'ISC Paris, Julien Perona a effectué un parcours de manager chez GE France puis chez Schindler, avant de créer Addworking. Il a publié pour l'Observatoire cette tribune "Ubériser l'interim". 

On est en droit de se demander si le salarié et l’actionnaire sont devenus les Capulets et Montaigu du XXIe siècle ou encore si l’ubérisation peut favoriser le marché de l’emploi. Concernant cette dernière, elle rapproche et apporte une alternative digitale à notre économie traditionnelle. En d’autres termes, elle contribue à notre évolution au sein de la nouvelle civilisation numérique.

Le marché de l’emploi doit-il être ubérisé ? On pourrait se contenter du statut quo cependant les formes  d’emplois actuelles ne conviennent plus, tout comme les moyens de contractualisation proposés aux entreprises qui hésitent à recruter lorsqu’elles n’y renoncent pas .

Pourtant, une transformation digitale rapprocherait plus facilement l’entreprise de toutes personnes souhaitant proposer un savoir-faire. A plus forte raison si l’on observe le poste recrutement. Car les entreprises ne sont plus en capacité financière d’assumer « une erreur de casting ». S’agissant de multinationales, elles subissent des pressions d’actionnaires de plus en plus fortes se traduisant par des ratios d’effectifs revus à la baisse chaque année.

L’actionnaire et les dirigeants d’entreprises constatent à leur dépend et face à la détresse de certains salariés que le dogme « faire plus avec moins » a ses limites. Ce constat laisse apparaître un taux d’arrêts maladie croissant avec le «burn out» élevé au rang de première maladie professionnelle du XXIe siècle.

Le paradigme des années à forte croissance n’est plus, n’en déplaise aux conservateurs qui pensent que nous pouvons continuer à bâtir, grâce au contrat de travail, notre modèle d’équilibre social.

Contrat de travail : moyen du passé et dépassé ?

Le CDI ne peut plus être considéré comme le summum des contrats de travail. Le considérer comme pièce centrale du XXIe siècle figerait les positions et crisperait davantage l’employeur.

Et l’intérim ? Le portage salarial ? Sont-elles des formes disruptives d’emploi ?

Il s’agit de formes coûteuses pour l’entreprise avec un modèle économique gourmand en marge (marge ou hold-up) et inadapté dans une économie de croissance à 1%.L’intérim fonctionne encore très bien mais pour combien de temps ? Le dernier rapport de la CIETT(1) souligne qu’il a été supplanté par le travail indépendant…Recruter en ligne des intérimaires reviendrait à digitaliser leur processus et à faire « tomber » leur réseau d’agence. En clair, le digital favorise l’accès au canal hors salariat.

Uberiser l’Intérim 

Le hors salariat se développe chaque jour en France et en Europe. Aux USA, les travailleurs hors salariat représentent 35% de la population active. En France, nous en comptons déjà 10% pour environ 28 millions de personnes actives au total. Durant les quinze dernières années, ils ont progressé de 85%.

Cette population riche de compétences, flexibles apportent via le web une alternative évidente aux entreprises qui en ont assez du contrat de travail, de l’utopie de ces cabinets de recrutement aux marges astronomiques et de la douloureuse facture de l’agence d’intérim. Mais l’entreprise doit aussi rentrer dans sa phase de mutation pour s’exprimer en mode projet.

Certaines d’entre elles ont bien compris et réussissent parfaitement à proposer leur charge de travail sous forme de missions « externalisées » pour acheter, recruter la compétence hors salariat adéquate et répondre à leur attente.

Externaliser les missions, gagner en productivité.

Le hors salariat encadré, contrôlé et maîtrisé apporte donc cette souplesse dont l’entreprise a besoin, avec un apport en compétence à la carte. Avec le web, l’accès est immédiat. L’offre et la demande sont à portée de clic.

Enfin, le hors salariat propose à bien des personnes un revenu supplémentaire, compensant l’effet des 35 heures. Un salarié avec l’accord de son entreprise peut proposer son savoir-faire pour quelques heures à d’autres entreprises, un retraité peut compléter sa retraite, un étudiant peut démarrer sa carrière professionnelle….Le marché de l’emploi est entré dans une transversalité grâce à la nouvelle civilisation du numérique. Que l’on s’en réjouisse !

Toutes les parties sont gagnantes : la personne propose son savoir-faire sous forme de missions, en divisant son risque avec du multi-employeur (multi-clients) et l’entreprise accède à des compétences flexibles, se rencontrent davantage.  La rivalité Capulet / Montaigu peut prendre fin.

N’en déplaise à certains conservateurs ou idéologues, la vraie précarité, c’est le chômage.

(1) Confédération internationale des entreprises de travail temporaire


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Animé par la Fédération Nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), cet observatoire a pour but d'analyser l'ubérisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit, de la protection des travailleurs affiliés aux plateformes...

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