Hayette Hamidi, Yassin Lamaoui et Farid Temsamani, sont membres fondateurs du think tank France Fière. Hayette Hamidi est avocate, élue municipale du Blanc-Mesnil, et présidente du think tank France Fière
Alors que le chômage de masse frappe principalement les habitants des quartiers populaires, débloquer le marché du travail serait une avancée dans la lutte contre les discriminations et la quête d’une cohésion nationale.
Le projet de réforme du droit du travail porté par Myriam El Khomri et défendu par Manuel Valls n'est qu'un pis-aller. Une accumulation de propositions parfois nécessaires, mais non suffisantes afin de renouer avec la croissance et la baisse durable du taux de chômage sans précédent que connait notre pays.
Pourquoi la réglementation bloque toute libération de croissance ? Pourquoi le maintien des charges d’une époque révolue alimente les discriminations ? La seule libéralisation du secteur réglementé du transport de personne développant les fameux VTC a davantage réalisé en matière de création d’emploi que nombre de politiques publiques.
Réalités françaises
À l’heure où le taux de non-emploi des jeunes dépasse les 25 %, à l’heure où le taux de non-emploi en quartiers dits populaires dépasse les 50 %, ces citoyens français ne cessent d’innover. Ils innovent afin de créer eux-mêmes les emplois qu’on leur refuse par ailleurs. Ils créent de véritables alternatives créatrices d’emploi et de richesse, mais se trouvent, là aussi, freinés par l’antagonisme de notre économie.
Antagonisme, car d’une part, nous souhaitons coûte que coûte renouer avec croissance et la grandeur d’antan tout en bloquant toute tentative de libéralisation de notre économie et du marché du travail nécessaire au XXIe siècle.
Aujourd’hui, nous plaidons pour abattre les barrières à l’entrée du marché du travail touchant de plus en plus fort les Français issus de quartiers dits populaires. Aujourd’hui, nous souhaitons éradiquer le plafond de verre auquel nombre de Français sont confrontés dès qu’ils arrivent à mettre un pied dans le sacro-saint marché "conventionnel" du travail.
Aujourd’hui, nous poursuivons le rêve de voir grandir une génération qui prend en main son destin et crée elle-même les emplois de demain sans distinction d’origine, de religion ou d’orientation sexuelle. Ce rêve est à portée de réforme, mais pour le rendre possible, nous nous devons d’uberiser notre marché du travail, d’abattre des décennies de réformes superfétatoires du marché du travail et de coupler enfin économie et travail afin que nos valeurs républicaines de Liberté, Égalité et Fraternité regagnent tout leur sens à destination notamment de cette génération sacrifiée des quartiers délaissés. Et ceci sans dogmatisme dépassé.
Cette nécessaire réforme, les Français mis aux bancs, discriminés dès leur (non) accès à l’éducation d’excellence puis au cours de l’ensemble de leur vie professionnelle, l’ont compris. Cette frange de la population française n’a eu de cesse de se battre et a su ainsi très tôt appliquer l’une des théories célèbres de Jean-Baptiste Say selon laquelle l’offre créée sa propre demande.
Or, l’État n’a eu de cesse que de freiner toutes ces initiatives d’économie collaborative telle qu’Airbnb, le covoiturage, les sites de partage ou encore la libéralisation du marché du transport de personnes. Face à cet immobilisme, l’ambition et le volontarisme du ministre Emmanuel Macron sont naturellement à saluer.
Au lieu d’adapter le marché du travail à cette nouvelle offre ainsi créée, offre répondant par ailleurs à une demande forte tant des utilisateurs que de ceux qui ont ainsi pu créer leurs propres emplois, le gouvernement actuel se borne à rester aveugle face aux mutations économiques rendant nécessaire une réforme majeure de notre marché du travail.
Indispensable uberisation
Aussi, il en va de notre responsabilité de porter aujourd’hui le message de milliers de nos concitoyens, celui d’une nécessaire uberisation de notre économie et, de ce fait, de notre marché du travail. La flexibilité encadrée doit être le fil conducteur d’une prochaine réforme, le lien de subordination ne doit plus être le seul critère validant le salariat, le portage salarial doit être simplifié, l’activité pour compte propre doit pouvoir être proposée sans surcoût fiscal et sans condition irréaliste mise à la charge des entreprises et l’accès aux appels d’offres notamment publics doit être facilité.
La masse salariale est l’un des poids majeurs au sein du bilan de toute entreprise. Or, en proposant un même niveau de service par le biais, notamment, de contrats de prestation de service simplifiée et sans surcoût salarial, nous pourrions, notamment, libérer les entreprises d’un poids certain et offrir de nombreuses perspectives d’emploi à tous.
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