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  • Date de Publication: 21/09/2015
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Quand «l’ubérisation» gagne (aussi) nos assiettes

Par AFP — 4 septembre 2015 à 18:22
[L'économie dite collaborative est en train de gagner un autre terrain, particulièrement cher aux Français, celui de la table, au grand dam des restaurateurs qui craignent d'être à leur tour 'ubérisés']
L'économie dite collaborative est en train de gagner un autre terrain, particulièrement cher aux Français, celui de la table, au grand dam des restaurateurs qui craignent d'être à leur tour "ubérisés" Photo Fred Tanneau. AFP
 

Si la location entre particuliers d’un logement ou d’un véhicule sont désormais entrés dans les moeurs, on sait moins que l’économie dite collaborative est en train de gagner un autre terrain, particulièrement cher aux Français, celui de la table, au grand dam des restaurateurs qui craignent d’être à leur tour «ubérisés».

Voulezvousdiner.com, viensmangeralamaison.fr ou encore VizEat, le numéro un européen du secteur: de plus en plus de sites permettent en effet à des hôtes d’offrir, moyennant finances, leurs services culinaires en proposant de venir déjeuner ou dîner chez eux.

Originaire des Etats-Unis, ce concept de «restaurant clandestin» étend ainsi la formule du repas chez l’habitant ou de la tâble d’hôte, jusqu’ici plutôt rurale et confidentielle, à un public urbain et connecté à l’affût de bonne chair et de rencontres conviviales, souvent interculturelles.

Sur Vizeat par exemple, l’internaute peut renseigner la ville dans laquelle il souhaite passer à table, le nombre d’invités qui l’accompagnent ainsi que la date et le prix moyen souhaités (jusqu’à 200 euros). S’affichent alors plusieurs profils d’hôtes proposant différents types de menus à des tarifs tout aussi divers.

Hôtellerie, transports, et désormais restauration: rien ne semble devoir arrêter la colonisation du modèle «Uber», du nom de la célèbre entreprise américaine proposant des services de voitures avec chauffeurs (VTC).

Mais, comme Uber confronté à la fronde des taxis ou Airbnb à celle des hôteliers traditionnels, ces sites proposant des repas chez un particulier inquiètent de plus en plus les professionnels du secteur, qui préfèrent prévenir plutôt que guérir.

Les syndicats de restaurateurs dénoncent en particulier l’absence de régulation entourant ces nouveaux acteurs, notamment sur la fiscalité ou l’hygiène, alors qu’eux-mêmes sont soumis à des normes jugées drastiques.

- «C’est du travail au noir» -

«On subit aujourd’hui, depuis un an, deux ans, sur la transparence en hygiène, des règles extrêmement contraignantes pour le restaurateur qui viennent s’ajouter les unes aux autres et à côté de ça, on a un phénomène amplifié de ventes déguisées qui vient perturber le marché», souligne à l’AFP Hubert Jan, président de la branche restauration de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).

«On n’est pas contre l’économie collaborative mais on est contre l’économie grise qui détruit l’emploi», précise-t-il, rappelant que «dans le secteur de l’hôtellerie en général, les porteurs d’emploi, c’est la restauration».

«C’est du travail au noir, au vu et au su de tout le monde», insiste pour sa part Didier Chenet, le président du Synhorcat, syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs.

«Ce ne sont pas les sites en tant que tel qui nous posent problème, tempère-t-il toutefois, ce sont les pratiques», considérées comme à risque.

«Des risques pour les clients tant au niveau de l’hygiène, des allergènes et puis (de) la délivrance de l’alcool» qui se fait sans licence, poursuit-il.

Loin de vouloir faire interdire ces sites, M. Chenet demande à ceux qui y proposent leurs services de se déclarer. «A partir du moment où (l’hôte) se déclare, les pouvoirs publics vérifieront qu’il a toutes les qualités pour exercer cette activité», argue-t-il.

De son côté, le ministère de l’Economie, par la voix de Martine Pinville, la secrétaire d’Etat chargée du Commerce, a assuré à l’AFP avoir «pleinement conscience de ce phénomène en développement».

«Nous sommes mobilisés pour évaluer ce nouveau mode de consommation afin de pouvoir accompagner son développement de manière harmonieuse avec la restauration traditionnelle», a ajouté Mme Pinville.

A l’occasion de la publication, en juillet, d’une étude consacrée aux «enjeux et prospectives de la consommation collaborative», le ministère de l’Economie a d’ailleurs annoncé le lancement, dès le mois d’octobre, d’une stratégie nationale en faveur de l’économie collaborative, dont l’un des objectifs affichés est de «contribuer à (en) préciser les frontières».

Selon Bercy, le secteur est estimé à 20 milliards d’euros aujourd’hui, et devrait atteindre 90 milliards d’euros d’ici 2025.


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Marion Degeorges publiait sur les Echos le 29 août dernier un article de fond sur l'évolution du monde du travail aux Etas-Unis. Les travailleurs indépendants représentent 34 % de la force de travail là bas, et la tendance est à la hausse. Qu'est-ce que cela va changer d'ici 2040 ? Extraits

« Le travail traditionnel est en train de mourir », et d'ici 2040, l'économie américaine sera « à peine reconnaissable », affirme la journaliste Vivian Giang qui se base sur l'étude A vision for the economy of 2040, de l'Institut Roosevelt et de la Fondation Kauffman.

Pour appuyer ce postulat dans les colonnes du site Vox, elle fait valoir ce chiffre : aux Etats-Unis, les 53 millions de travailleurs freelance représentent désormais 34 % de la force de travail, d'après une enquête de 2014. Et la tendance est à la hausse. Dans les 25 prochaines années, elle va même « nettement s'accélérer ». La part belle sera donc faite aux entrepreneurs, aux contractuels, et au travail entre particuliers, affirme Vivian Giang.

Ajustements politiques et fiscaux obligatoires

Ce changement ne serait pas sans conséquences, lui explique Dane Stangler, l'un des responsables de la Fondation Kauffman, qui affirme que, ce déclin du travail traditionnel « exercera une pression considérable sur notre système fiscal publique ». La raison est simple : « Nous avons construit tous nos programmes de prestations - sociale, retraite, santé, chômage etc. - autour de cette notion d'emploi fixe », explique-t-il.

Par ailleurs, en sortant de ce modèle traditionnel de travail, « le gouvernement va perdre énormément en impôt sur les salaires », et à moins d'un changement de politique, le système fiscal va se trouver face à un énorme défi, prévoit Dane Stangler.

Comment l'économie va changer, en 5 points :

Se basant sur les l'étude A vision for the economy of 2040 menée par 30 économistes, technologues, politiques et entrepreneurs, Vivian Giang résume les 5 aspects de l'économie qui peuvent être modifiés par l'essor des travailleurs freelance.

1. Davantage de missions de courte durée. D'ici 2040, « la carrière consistera en des milliers de missions de courte-durée étalées sur toute une vie ». Ces missions pourront aller de plusieurs jours à plusieurs années et de plus en plus d'employés seront leurs propres patrons. La croissance des emplois sera alors en grande majorité due aux petites entreprises.

2. Davantage de plateformes pour atténuer le risque économique. Puisque le travail traditionnel et les prestations sociales qui l'accompagnent vont disparaître, des plateformes vont émerger afin d'aider les travailleurs à anticiper et gérer les situations critiques et imprévues.

3. Davantage d'agences de talents. De nos jours, les agences de talents sont réservées aux artistes et aux athlètes. Mais dans « la prochaine économie, les agences de talent et les entreprises de chasseurs de tête vont jouer un rôle plus important dans la vie des travailleurs ».

4. La croissance des petites entreprises va booster les salaires. C'est une certitude, selon l'étude : « l'essor du travail indépendant va inexorablement faire augmenter les salaires ». Les chercheurs parient sur une compétition des salaires proposés par les employeurs afin de trouver des travailleurs. Par ailleurs, considérant que l'arrivée sur le marché du travail des jeunes ne permettra pas de compenser les départs à la retraite (en raison du taux de natalité trop faible), la main d'œuvre va manquer, ce qui va également booster les salaires.

5. Chacun sera responsable de son succès. En plus d'être affranchis des griffes d'un patron qui sous-paie, les travailleurs indépendants de demain auront leur réussite en main. « Ils devront sans arrêt réfléchir à leur prochaine mission, les compétences qu'il nécessitera, et la formation ou les diplômes nécessaire pour acquérir ces compétences », prévoient les chercheurs. Il n'y aura donc plus nécessairement de parcours tous tracés pour s'assurer une carrière réussie, et les travailleurs devront faire preuve de jugeote et d'anticipation pour construire leur vie professionnelle.

En résumé, dans « la prochaine économie », le travail sera sans doute plus « lucratif et épanouissant », avance Vivian Giang. Et « l'idée selon laquelle vous serrez récompensé professionnellement si vous faites preuve de loyauté envers votre entreprise ne sera plus qu'un souvenir ».


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Jacques Chiron, sénateur membre de la Commission des finances, explique à l'Express, sous la plume de Raphaële Karayan, comment détecter les revenus qui relèvent de l'activité commerciale, et qui seraient soumis à l'impôt sur le revenu. En clair, plutôt que de se préoccuper de faire mieux correspondre le code du travail aux changements de fonds, le Sénat veut taxer l'ubérisation.

Brocanteurs semi-professionnels sur Le Bon Coin, loueurs d'appartements sur AirBnB, loueurs de voiture sur Drivy, feu chauffeurs UberPop... De plus en plus de particuliers se mettent aux affaires sur les plateformes collaboratives pour arrondir leurs fins de mois, et cela donne des sueurs froides au Trésor Public. En théorie, les revenus issus de ces plateformes de mise en relation sont soumis aux prélèvements sociaux et à l'impôt sur le revenu. Enfin, à condition de les déclarer, ce qui est une pratique rare. Certes, le troc et les petits services ont toujours existé, mais comme dans tous les secteurs développés par Internet, le problème, c'est l'échelle. 

Ainsi, le revenu moyen d'un hôte sur AirBnB serait par exemple de 3600 euros par an, selon un rapport du groupe de travail de la Commission des finances du Sénat sur les modalités de recouvrement de l'impôt sur le revenu. Ce groupe de travail a publié cette semaine des propositions pour adapter le système fiscal français à cette nouvelle économie collaborative. Sa solution: une transmission automatique au fisc, par les plateformes elles-mêmes, des revenus des particuliers. Au-delà d'un total de 5000 euros par an, ils seraient soumis à l'impôt sur le revenu. 

Jacques Chiron, sénateur socialiste de l'Isère et membre de ce groupe de travail, détaille le dispositif envisagé, qui devrait prendre la forme d'amendements à la future loi de finances. 

A quel taux seraient soumis les "revenus de l'économie collaborative"? 

Le taux qui s'applique actuellement -il faut rappeler que ce n'est pas un nouvel impôt, car ces revenus sont déjà censés être déclarés- est celui correspondant à la tranche du contribuable. Nous proposons une deuxième solution, le prélèvement forfaitaire libératoire, à 24%. Par ailleurs, actuellement le seuil de tolérance du fisc, pour les revenus complémentaires des particuliers, s'élève à 2000 euros. Nous proposons de le porter à 5000 euros et d'exonérer les revenus inférieurs. Les plateformes elles-mêmes ont déjà commencé à différencier leurs utilisateurs selon leur niveau de revenu. UberPop, par exemple, basculait ses chauffeurs sur le service professionnel Uber dès qu'ils dépassaient 6000 euros de revenu par an. Cette franchise de 5000 euros correspond à ce que nous considérons être du "partage de frais". Par exemple, il couvre l'entretien d'un véhicule ou d'un appartement. 

Comment seraient déclarés ces revenus sur la feuille d'imposition? Aujourd'hui on peut opter pour la micro-entreprise, ou l'auto-entrepreneuriat par exemple. 

Cela dépend du choix du particulier. Mais, s'il s'agit d'une véritable profession il est conseillé de passer en auto-entrepreneur. 

N'est-ce pas contradictoire d'être imposé sur ces revenus sans bénéficier des cotisations sociales, par exemple? 

Il faut savoir ce qu'on veut. Si on veut un statut, il y a un coût. On ne peut pas avoir le statut sans payer les taxes, et on ne va pas prélever de la CSG sur des petits montants. L'impôt sur ces revenus a une contrepartie, celle de se libérer vis-à-vis de l'Etat, et de ne pas être en infraction. Si on veut vraiment cotiser, il faut passer auto-entrepreneur. De plus, ce seuil de 5000 euros est très intéressant, car d'autres revenus, comme les intérêts de placement, sont soumis aux cotisations dès le premier euro. Tout a été pesé. Il faut garder à l'esprit le principe de concurrence déloyale. Ce que l'on veut, c'est que tout le monde soit à égalité, pas freiner le développement de l'économie collaborative.  

Quels sont les revenus qui seraient exonérés? 

Les ventes de biens d'occasion, lorsqu'ils sont occasionnels -par exemple quand vous vendez votre voiture sur Le Bon Coin ou sureBay- resteraient exonérés. Cela ne concernerait que le commerce et les services. 

Finalement, on devrait plutôt considérer ces plateformes comme des alliées du fisc, pas comme des moyens d'échapper à l'impôt, dans la mesure où elles rendent tous les flux financiers transparents et éliminent le travail au noir... 

Tout à fait. A partir du moment où on taxe le flux, cela devient des alliées. Tant que l'on conserve une égalité de traitement. 


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Kira Mitrofanoff, journaliste pour Challenges, revient sur l'étude réalisée par Sociovision au long d'un article intitulé "Ubérisation": la nouvelle révolution française

Transports, logement, voyages… Le modèle Uber, collaboratif et économique, comble les attentes des Français qui veulent contourner les rigidités sociales. Derrière le conflit des taxis, un mouvement de fond.

Selon Sociovision, les Français sont plus que jamais des francs-tireurs, cela ne leur déplaît pas de contourner les règles. Dans ce contexte, les chauffeurs UberPop, pourtant considérés comme des travailleurs au noir, ont la cote.

L’arrêt d’UberPop, ce service de transport entre particuliers, la semaine dernière, n’est peut-être qu’un simple soubresaut: l’ubérisation de la société est en marche. «En France, ce phénomène, loin d’être une mode, constitue une lame de fond», affirme  Rémy Oudghiri, directeur général adjoint de Sociovision Cofremca, qui y a consacré sa dernière étude, présentée mardi 7 juillet. Pour cet observatoire qui scrute depuis 1975 les valeurs, opinions et modes de consommation des Français, plusieurs facteurs expliquent leur engouement prononcé pour l’économie du partage.

D’abord, ils sont de plus en plus impatients et veulent se simplifier la vie. De ce point de vue, l’application Uber, qui localise les véhicules disponibles en temps réel et la durée qu’il leur faut pour arriver, correspond à leurs désirs. Autre tendance en hausse, les Français sont plus que jamais des francs-tireurs. Et, dans un monde où ils ont le sentiment que les politiques sont impuissants, cela ne leur déplaît pas de contourner les règles. «57% d’entre eux, par exemple, ne trouvent pas grave de télécharger des films ou de la musique illégalement, indique Rémy Oudghiri. Et 61% affirment que le seul moyen de s’en tirer dans la vie, c’est de se trouver des combines.» Dans ce contexte, les chauffeurs UberPop, pourtant considérés comme des travailleurs au noir, ont la cote.

Un nouveau sport national

Pas question pourtant de faire de notre société une jungle. Selon l’observatoire Sociovision, parmi les mots qui tiennent le plus à cœur aux Français, le respect (62%) arrive en première place devant la liberté (43%).«Les chauffeurs de VTC, avec leur véhicule impeccable, le prix affiché à l’avance ou encore la bouteille d’eau offerte, collent bien à cette attente», fait remarquer Maryline Nguyen, directrice conseil de Sociovision. Par ailleurs, les consommateurs sont de plus en plus favorables aux circuits courts. Se passer des intermédiaires, échanger entre particuliers, éviter les acteurs traditionnels… tout cela est devenu un sport national. Pas seulement pour payer moins cher.

Blablacar, le leader mondial du covoiturage, Drivy, le numéro 1 européen de l’autopartage, ou encore Uber, dont la légende raconte qu’il a été inventé à Paris, sont les produits de ces nouvelles aspirations. «Les Français, qui continuent majoritairement à rejeter le capitalisme, désirent une société plus horizontale, affirme Maryline Nguyen. Au cours des six derniers mois, 81% d’entre eux ont expérimenté au moins une pratique collaborative, de l’achat sur Internet au covoiturage.» Et, même s’ils ont conscience que le succès d’Uber repose sur le modèle freelance, une grande majorité estime qu’il est souhaitable que de plus en plus de gens se mettent à leur compte ou créent leur entreprise! «Disposer d’une source de revenus supplémentaires pour ceux qui le souhaitent est perçu comme normal», indique l’observatoire Sociovision. C’était la principale motivation des 400.000 chauffeurs d’UberPop, interdits depuis une semaine.

Encore un retard politique

Cette lame de fond traverse tous les milieux sociaux. Selon Sociovision, près d’un Français sur deux (46%) adhèrent à cette ubérisation de la société. «Ils y voient une opportunité», explique Michel Ladet, directeur scientifique de l’observatoire. Et cela ne concerne pas seulement les néo-bourgeois ou les consommateurs hédonistes. «Le succès d’AirBnb en France s’explique en partie par le nombre de fonctionnaires dans l’éducation nationale, explique Maryline Nguyen. Ils ont pas mal de temps disponible et pas trop d’argent. Et les valeurs du partage leur plaisent.» Ce sont les piliers de l’économie collaborative. Pas sûr que les politiques en aient vraiment pris conscience. 


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IN THE early 20th century Henry Ford combined moving assembly lines with mass labour to make building cars much cheaper and quicker—thus turning the automobile from a rich man’s toy into transport for the masses. Today a growing group of entrepreneurs is striving to do the same to services, bringing together computer power with freelance workers to supply luxuries that were once reserved for the wealthy. Uber provides chauffeurs. Handy supplies cleaners. SpoonRocket delivers restaurant meals to your door. Instacart keeps your fridge stocked. In San Francisco a young computer programmer can already live like a princess.

Yet this on-demand economy goes much wider than the occasional luxury. Click on Medicast’s app, and a doctor will be knocking on your door within two hours. Want a lawyer or a consultant? Axiom will supply the former, Eden McCallum the latter. Other companies offer prizes to freelances to solve R&D problems or to come up with advertising ideas. And a growing number of agencies are delivering freelances of all sorts, such as Freelancer.com and Elance-oDesk, which links up 9.3m workers for hire with 3.7m companies.

The on-demand economy is small, but it is growing quickly (see article). Uber, founded in San Francisco in 2009, now operates in 53 countries, had sales exceeding $1 billion in 2014 and a valuation of $40 billion. Like the moving assembly line, the idea of connecting people with freelances to solve their problems sounds simple. But, like mass production, it has profound implications for everything from the organisation of work to the nature of the social contract in a capitalist society.

Baby, you can drive my car—and stock my fridge

Some of the forces behind the on-demand economy have been around for decades. Ever since the 1970s the economy that Henry Ford helped create, with big firms and big trade unions, has withered. Manufacturing jobs have been automated out of existence or outsourced abroad, while big companies have abandoned lifetime employment. Some 53m American workers already work as freelances.

But two powerful forces are speeding this up and pushing it into ever more parts of the economy. The first is technology. Cheap computing power means a lone thespian with an Apple Mac can create videos that rival those of Hollywood studios. Complex tasks, such as programming a computer or writing a legal brief, can now be divided into their component parts—and subcontracted to specialists around the world. The on-demand economy allows society to tap into its under-used resources: thus Uber gets people to rent their own cars, and InnoCentive lets them rent their spare brain capacity.

The other great force is changing social habits. Karl Marx said that the world would be divided into people who owned the means of production—the idle rich—and people who worked for them. In fact it is increasingly being divided between people who have money but no time and people who have time but no money. The on-demand economy provides a way for these two groups to trade with each other.

This will push service companies to follow manufacturers and focus on their core competencies. The “transaction cost” of using an outsider to fix something (as opposed to keeping that function within your company) is falling. Rather than controlling fixed resources, on-demand companies are middle-men, arranging connections and overseeing quality. They don’t employ full-time lawyers and accountants with guaranteed pay and benefits. Uber drivers get paid only when they work and are responsible for their own pensions and health care. Risks borne by companies are being pushed back on to individuals—and that has consequences for everybody.

Obamacare and Brand You

The on-demand economy is already provoking political debate, with Uber at the centre of much of it. Many cities, states and countries have banned the ride-sharing company on safety or regulatory grounds. Taxi drivers have staged protests against it. Uber drivers have gone on strike, demanding better benefits. Techno-optimists dismiss all this as teething trouble: the on-demand economy gives consumers greater choice, they argue, while letting people work whenever they want. Society gains because idle resources are put to use. Most of Uber’s cars would otherwise be parked in the garage.

The truth is more nuanced. Consumers are clear winners; so are Western workers who value flexibility over security, such as women who want to combine work with child-rearing. Taxpayers stand to gain if on-demand labour is used to improve efficiency in the provision of public services. But workers who value security over flexibility, including a lot of middle-aged lawyers, doctors and taxi drivers, feel justifiably threatened. And the on-demand economy certainly produces unfairnesses: taxpayers will also end up supporting many contract workers who have never built up pensions.

This sense of nuance should inform policymaking. Governments that outlaw on-demand firms are simply handicapping the rest of their economies. But that does not mean they should sit on their hands. The ways governments measure employment and wages will have to change. Many European tax systems treat freelances as second-class citizens, while American states have different rules for “contract workers” that could be tidied up. Too much of the welfare state is delivered through employers, especially pensions and health care: both should be tied to the individual and made portable, one area where Obamacare was a big step forward.

But even if governments adjust their policies to a more individualistic age, the on-demand economy clearly imposes more risk on individuals. People will have to master multiple skills if they are to survive in such a world—and keep those skills up to date. Professional sorts in big service firms will have to take more responsibility for educating themselves. People will also have to learn how to sell themselves, through personal networking and social media or, if they are really ambitious, turning themselves into brands. In a more fluid world, everybody will need to learn how to manage You Inc.


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David Ménascé était interviewé par Christophe Bys, de l'Usine Digitale, et revenait sur sa note titrée La France du Bon Coin, le micro-entrepreneuriat à l’heure de l’économie collaborative.  Il analyse les raisons du développement de ces nouvelles formes d’entrepreneuriat et propose des pistes pour que le non salariat ne soit plus synonyme de précarité.

Et si, alors que tout le monde s’écharpe sur le rapport Combrexelle, la vraie réforme du Code du Travail était dans les pages de ce travail modeste, qui ne prétend rien révolutionner, mais tenir compte du réel et de ceux qu’on entend jamais ou peu : la France du bon coin et d’Uber.

L’Usine Nouvelle : Vous travaillez beaucoup à l’amélioration des conditions de travail au sens large des populations de pays en voie de développement. Quelle leçon tirez-vous de cette expérience qui pourrait nourrir la réflexion dans nos économies développées ?

David Ménascé : Avant de vous répondre, je ne pense pas que les situations soient comparables. Ce serait une erreur de transposer directement. Le contexte politique, économique, social est trop différent. Ceci dit, j’ai été amené à travailler avec un groupe agro-alimentaire sur les vendeurs de rue. En Inde, ils sont vingt millions. Invité à la conférence de leur organisation, j’ai été frappé le titre de la conférence "Cities for all", qui est aussi une de leur revendication. Quand ils réclament la ville pour tous, ils demandent l’accès au marché, la ville étant le lieu où ils peuvent travailler.

 

Quand vous n’avez rien, la stratégie de survie de base, c’est de pouvoir accéder au marché. Les révolutions arabes ont commencé quand, en Tunisie, un vendeur de rue s’est immolé quand harcelé par les policiers il ne pouvait plus accéder au marché. Pour les plus pauvres, l’accès au marché est une conquête sociale.

 

Sans vouloir transposer ce qui précède à la France ou à n’importe quel pays développé, les contextes étant différents, il me semble que là aussi cependant, l’accès au marché est vital pour certaines populations fragiles. Je me suis penché sur ces petits entrepreneurs, en essayant de respecter leur diversité, puisque pour certains c’est une question de survie et pour d’autres c’est un confort. Je voulais entendre leur voix. Tout le monde a un avis sur Uber Pop ou Leboncoin, mais peu de gens écoutent ce qu’ont à dire les personnes pour lesquels c’est un moyen d’accéder au marché, à un travail.

 

Revenons à la France qui est le cœur de votre étude. Qu’avez-vous découvert en étudiant ce que vous appelez La France du bon coin ?

Au-delà du titre, je me suis intéressé à toutes les plateformes Internet qui facilitent l’offre et la demande de services. J’ai eu envie d’étudier la micro-activité et les stratégies de débrouille. C’est une obligation face à la crise durable de l’emploi. Les gens sont obligés de se débrouiller formellement ou informellement.

Avant les gens se donnaient des coups entre amis, entre voisins. Avec les plateformes numériques, ils élargissent leur rayon d’activité.

 

Pourquoi dites-vous qu’on n’entend pas assez cette voix-là ? On a quand même beaucoup parlé du débat autour des taxis et Uber.

Certes mais on n’a pas tant que ça entendu les chauffeurs Uber Pop. Pas plus qu’on entend les gens qui vendent sur Leboncoin… Dans les débats actuels sur le droit du travail, je suis frappé de voir à quel point on ne tient pas compte du développement de la micro-activité. Il y a en France un million de micro-entrepreneurs. C’est une tendance globale. 15 % des citoyens européens sont self-employed. De plus en plus, les personnes cherchent une activité plus qu’un emploi salarié. En n’en tenant pas compte, on passe à côté de quelque chose d’important.

 

D’où vient ce développement ?

Les causes sont vraisemblablement multiples. Cette tendance s’est accentuée grâce au numérique qui est aussi un mouvement de fond. On l’oublie parfois, mais cette évolution est liée à l’urbanisation. Dans le monde rural, c’est beaucoup plus difficile de travailler de cette façon. Il n’y a pas le nombre suffisants de clients. Etre chauffeur Uber Pop dans certains sous-préfectures n’est pas très intéressant financièrement.

Le salariat n’est plus l’alpha et l’oméga qui fait rêver, et pas seulement pour les plus jeunes. Ce qui intéresse les utilisateurs, ceux qui travaillent de cette façon, c’est souvent la flexibilité. Ils peuvent choisir quand ils travaillent. 

 

L’indépendance est une valeur montante. Etre auto-entrepreneur c’est valorisant pour certaines personnes. Ne soyons pas naïf non plus : pour certains la micro activité est une contrainte, pas un choix. Pour cela, il faut trouver des moyens de concilier micro-entreprenariat et une certaine stabilité. Sans pour autant que cela dissuade ceux qui pratiquent cette activité à côté d’un CDI par exemple. J’ai rencontré un chauffeur Uber Pop qui le faisait pour payer des vacances à ses enfants.

 

Autrement dit, un nombre croissant de personnes cumulent plusieurs activités. N’est-ce pas une des causes de la crispation sur les 35 heures ? Si vous travaillez à côté de votre emploi principal, une hausse du temps de travail empiète sur vos activités annexes.

Sur les 35 heures, je ne sais pas répondre. En revanche, ce que j’ai observé c’est que pour nombre de personnes la poly-activité est nécessaire. Je reviens sur les chauffeurs Uber Pop que j’ai rencontré, certains avaient un emploi en CDI à temps partiel à côté. Ils étaient électriciens et chauffeurs ou gardien d’école et chauffeur. J’ai même rencontré un commercial qui utilisait sa voiture de fonction. Les personnes sont à la recherche de compléments de revenus. C’est indéniable.

 

N’assiste-t-on pas à un grand démantèlement du salariat, qui avait inventé des protections ?

Que dit le succès de l’économie collaborative ? C’est un indice de la crise de l’emploi peu qualifié. Les plateformes ne précarisent pas l’emploi salarié. Elles révèlent au contraire cette crise. C’est important de le comprendre. Sinon on passe à côté du sujet.

Ceci dit, j’ai demandé à Laurence Fontaine qui est directrice de recherche au CNRS et spécialiste d’histoire économique et du marché de préfacer cette note. Elle explique très bien qu’au dix-huitième siècle tout le monde est plus ou moins marchand.

 

Aujourd’hui, la multi activité peut servir à certains comme un moyen de colmater des brèches dans leur budget. Pour d’autres cela peut être un piège parce qu’ils risquent de s’y trouver piéger. Pour une femme de ménage, ça peut être difficile, parce qu’elle n’a pas le pouvoir de négociation. Elle va proposer de travailler pour dix euros et en face on va lui dire c’est cinq. Si elle n’a rien d’autre elle peut être tentée d’accepter. C’est ce qu’il faut éviter à tout prix.

Pour cela, j’insiste : il faut inventer des moyens de créer de la stabilité, c’est-à-dire faire en sorte que le micro entrepreneur soit un vrai entrepreneur, une vraie personne autonome. Les risques de dérapage ne sont pas nuls.

 

Comment fait-on alors ?

D’abord, il faut distinguer entre les opérateurs et les places de marchés. Les premiers fixent les prix, reversent une partie. Les secondes mettent en relation offre et demande, on est dans une relation bilatérale. Il va falloir définir des prix minimaux pour ces tâches.

 

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir quelle forme de négociation collective peut se mettre en place, quelle forme de régulation sociale serait optimale. Prenez encore une fois les chauffeurs Uber, même si je ne souhaite pas stigmatiser cette entreprise. Que mettre en place pour qu’on puisse répartir la valeur ajoutée. Le risque existe à terme qu’on ait d’un côté des plateformes riches à milliards et des auto-entrepreneurs à 7,50 euros le jour.

 

Comment faire pour instaurer un dialogue social au sein de ces nouvelles organisations qui ne sont pas des entreprises qui emploient des salariés ? C’est une question clé.

 

On voit bien actuellement que le droit du travail craque et que la tentation est d’assouplir pour le CDI. Vous semblez indiquer que la marche à suivre doit être aussi d’apporter aux indépendants des formes de stabilité jusque-là réservé aux seuls salariés.

Oui, c’est ce qu’il faut inventer d’urgence. Pour que les auto-entrepreneurs ne se retrouvent pas dans un piège, il faut travailler sur trois dimensions : l’accès au crédit, l’accès à la formation et à des protections minimales en cas de maladies, d’accidents. Il sera difficile de continuer à vivre dans la fiction qu’ils sont complètement indépendants. Je voudrais insister sur un point : tout le monde à y gagner, les plateformes comme les auto-entrepreneurs.

 

Par ailleurs, il faudrait vérifier que chacun choisit vraiment son volume d’heures, qu’il n’est pas obligé par la plateforme d’accepter toutes les propositions. En outre, le statut d’auto entrepreneur devrait avoir une meilleure visibilité. Cela signifie qu’il faut arrêter de le modifier en permanence.

 

Enfin, il faut inventer un dialogue social entre les plateformes et les mirco-entrepreneurs. Dans notre droit, le dialogue social se fait entre employeurs et salariés. Il faut réussir à l’élargir, en l’absence de lien de subordination. La période est incertaine, mais c’est ce que je trouve passionnant, on peut agir pour que les choses penchent d’un côté plutôt que de l’autre.


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Mathilde Damgé a publié dans le Monde un article très complet sur le sujet. Intitulé "De quoi l’« uberisation » est-elle le nom ?", il revient sur 5 exemples qui illustrent le phénomène.

Les réseaux sociaux utilisent depuis quelques mois le terme d’« uberisation », un néologisme formé à partir du nom d’Uber, la fameuse société de transport californienne. Ils s’en gargarisent même depuis les incidents des derniers jours entre les taxis et les VTC (voitures de transport avec chauffeur) :

Entre numérisation et paupérisation, que recoupe ce terme, qui sert d’étendard aux détracteurs de plusieurs réalités économiques ? Le tour du concept en 5 exemples.

Les taxis
CE QUI EST CRITIQUÉ : LA PRÉCARISATION

Au-delà de leur cas personnel et des conséquences sur leur profession, les taxis dénoncent « la précarisation des chauffeurs » de VTC. Dans le cas d’UberPop, qui risque de disparaître, la précarité est encore plus importante. En effet, rappelle l’économiste Evariste Lefeuvre, Uber considère ses chauffeurs comme des contractants individuels auxquels incombe la charge du financement des véhicules et assurances.

« Le capital détenu par la personne dont le revenu (et non le salaire) dépend de sa capacité à exploiter le réseau offert par les grandes entreprises présente un coup de portage, d’assurance et d’amortissement qu’il doit lui-même assumer – même en cas de baisse d’activité. »

Cette critique, l’hebdomadaire britannique The Economist en a fait sa « une » en ce début d’année 2015. Titré « workers on tap » (« main-d’œuvre à la demande »), l’article utilise l’image d’une force de travail disponible comme l’eau sortant d’un robinet, que l’on ouvre ou que l’on ferme à volonté.

De fait, sauf en Californie où l’entreprise sera obligée de les embaucher, les chauffeurs d’Uber sont une force de travail payée au pourcentage, sans ou avec très peu de protection sociale et bien sûr aucun avantage de salarié, mais une grande liberté d’organisation – du moins en apparence – de leurs emplois du temps.

En réalité, analyse le théoricien de l’économie collaborative Michel Bauwens, « Uber ne relève pas de cette économie collaborative ou de partage. Il s’agit plutôt d’une mise sur le marché de ressources qui, jusque-là, n’étaient pas utilisées. La différence entre une production pair à pair et Uber, c’est le morcellement du travail, la mise en concurrence entre les travailleurs pour obtenir un service, sans qu’ils aient accès à ce service, ce bien commun, en l’occurrence l’algorithme contrôlé par la firme. »

Lire aussi : Michel Bauwens : « Uber et Airbnb n’ont rien à voir avec l’économie de partage »

CE QUI EST CRAINT : L’ÉVOLUTION DU MODÈLE ÉCONOMIQUE

Face à ces arguments, les entreprises de VTC répliquent que ce que critiquent réellement les taxis, c’est la contestation de leur monopole et le changement de paradigme : il n’est plus nécessaire d’acheter une licence et de rentrer dans un quota fixe de chauffeurs.

Pour François Meunier, professeur de finance à l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique, Uber « promet de bousculer en profondeur la profession de taxi. Dans la pratique du métier, c’est une bonne chose ». Une des solutions serait, selon lui, de « multiplier le nombre des plaques et d’imposer une régulation qui oblige tout chauffeur, Uber ou pas, exerçant l’activité de transport de personnes en milieu urbain de façon régulière, à acquérir lui aussi une licence ».

Les libraires
CE QUI EST CRITIQUÉ : L’INTÉGRATION DE SERVICES

« Depuis deux ans, la France subit une tectonique de fermetures de libraires. En 2013, Virgin a mis la clé sous la porte. En 2014, 57 librairies Chapitre ont baissé le rideau », rappelle Olivier Frébourg, écrivain et éditeur, dans une tribune publiée dans Le Monde. Mais, pour lui, ce n’est pas seulement la librairie qui est en jeu :

« Favoriser le développement du numérique, c’est nécessairement tuer les intermédiaires donc la diffusion, la distribution et, dans un second temps, la librairie française. »

Car, outre la distribution, Amazon a investi l’édition avec Amazon Publishing qui propose à des auteurs amateurs de publier leur œuvre de façon électronique. La force de frappe du géant américain est encore amplifiée par l’intégration de moyens logistiques permettant d’assurer une livraison rapide et peu onéreuse.

Amazon, depuis 2005, permet même via son « mechanical turk » de proposer une offre d’emploi aux autres internautes : recherche et indexation de contenu, travail de veille, etc.

CE QUI EST CRAINT : L’ÉVOLUTION DU MODÈLE ÉCONOMIQUE

Chacun des segments concernés par la révolution Amazon (édition, impression, distribution…) semble incapable de lutter contre cette intégration de métiers.

Hachette, qui s’était opposé à la politique tarifaire d’Amazon aux Etats-Unis, a dû faire face à des mesures de rétorsion : délais de livraison allongés, impossibilité d’effectuer des précommandes et suppression d’éventuelles réductions sur les livres. L’accord trouvé en fin d’année dernière stipule que l’éditeur français fixera les prix de vente sur Amazon.com mais qu’il « bénéficiera de conditions plus avantageuses s’il baisse ses prix ».

Le seul concurrent de la multinationale dans l’Hexagone, la Fnac, a choisi de se diversifier sur d’autres produits, dont l’électroménager.

Les hôteliers
CE QUI EST CRITIQUÉ : LA DÉSINTERMÉDIATION

De plus en plus populaire, AirBnb est dans le viseur des professionnels du tourisme, dont l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), qui s’inquiète de leur manque à gagner et qui font pression sur le gouvernement pour renforcer la législation sur ce type de location.

Leur principal argument : la suppression des intermédiaires, eux en l’occurrence :

« Le secteur des cafés, hôtels, restaurants et établissements de nuit est traditionnellement créateur d’emplois… [Ces entreprises] emploient un million de personnes en France. Confrontées à une explosion de la concurrence déloyale liée à la multiplication de toutes les formes de commerces illégaux, en 2014, pour la première fois depuis très longtemps, il n’y a pas eu de création d’emploi et les cessations d’activités augmentent… »

CE QUI EST CRAINT : L’ÉVOLUTION DU MODÈLE ÉCONOMIQUE

Les professionnels le reconnaissent d’ailleurs à demi-mot, pointant le développement d’une « économie de l’ombre » :

« Les professionnels constatent une explosion de la concurrence déloyale liée à la multiplication de toutes les formes de commerces illégaux, notamment la location meublée touristique. Cette activité se développe de manière exponentielle, sans aucun contrôle, et en abusant, la plupart du temps, du flou juridique et devient dans la plupart des cas des activités hôtelières déguisées qui se professionnalisent. »

Pour Denis Thienard, directeur de l’Umih en Gironde, l’arrivée de ces sites peut être « une bonne chose », « bousculés comme nous le sommes avec les propositions de locations de meublés ou encore les plateformes de réservation de chambres ». Mais, ajoute-t-il, la remise en question de la profession est surtout le cas des grands acteurs du secteur. « C’est plus compliqué pour l’immense majorité de nos adhérents qui sont des toutes petites entreprises. »

Les avocats
CE QUI EST CRITIQUÉ : L’EXERCICE ILLÉGAL DU DROIT

De nombreux services juridiques sur Internet proposent une aide en ligne aux justiciables, facturée moins d’une centaine d’euros, afin de préparer leur dossier de saisine du tribunal d’instance, du juge de proximité ou du conseil des prud’hommes – juridictions devant lesquelles l’assistance d’un avocat n’est pas toujours obligatoire.

Face à cette concurrence qu’il juge déloyale, l’Ordre des avocats porte régulièrement plainte pour « exercice illégal du droit » contre ceux qu’il appelle les « pirates » ou les « braconniers » du droit. Ironie de la situation, les notaires reprochent exactement la même chose aux avocats qui veulent empiéter sur leur terrain en rédigeant des actes immobilier. Quand les professions réglementées s’affrontent entre elles…

CE QUI EST CRAINT : L’ÉVOLUTION DU MODÈLE ÉCONOMIQUE

Les trois créateurs d’une plateforme de services juridiques en ligne, expliquent dans une tribune publiée récemment :

« Concrètement, les innovations qui incarnent ce processus d’uberisation sont de trois ordres : de nouvelles solutions logicielles basées sur des algorithmes de génération documentaire, des outils sémantiques permettant de proposer des solutions juridiques directement à partir des requêtes Web des utilisateurs, et toutes les innovations liées au big data et appliquées au droit. »

De telles innovations permettent en effet aux clients de ne pas avoir recours à un avocat et de faire de façon autonome un certain nombre de démarches juridiques et administratives : création d’entreprise, recrutement de salariés, recouvrement de factures impayées, protection des marques, etc.

Les banques et les assurances
CE QUI EST CRITIQUÉ : LA DÉMATÉRIALISATION

Dans une autre tribune, publiée en avril dernier, deux financiers s’inquiètent de l’uberisation du secteur « banque-finance », définissant le terme comme un néologisme qui renvoie à la numérisation de l’économie :

« On peut imaginer les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et autre fintech [contraction de sociétés financières et technologiques] prendre position sur des évolutions du business model bancaire et financier, en séduisant l’opinion par une approche nouvelle. Google peut offrir – c’est-à-dire rendre gratuits – de nombreux services bancaires puisqu’elle vendra les informations consommateurs recueillies. »

Les auteurs soulignent enfin l’évolution du secteur vers des « services à bas prix mais à faible valeur ajoutée ».

CE QUI EST CRAINT : L’ÉVOLUTION DU MODÈLE ÉCONOMIQUE

Un point de vue que ne partagent pas des « pureplayers » bancaires comme Compte Nickel ; son fondateur, Hugues Le Bret, estime ainsi que la tenue de compte « n’est plus un métier à valeur bancaire, mais technologique ».

Autre exemple : l’assurance, qui voit son modèle économique évoluer avec les objets connectés, comme des boîtiers mesurant la sécurité de la conduite (niveau de freinage, anticipation des virages). Avec ce système, un bon conducteur pourra réduire sa facture mensuelle jusqu’à 50 %. A l’inverse, un chauffard pourra voir sa note augmenter jusqu’à 10 %.

CONCLUSION

Plutôt qu’une critique construite d’une nouvelle économie, le terme d’uberisation sert davantage de fourre-tout désignant les craintes de plusieurs secteurs d’activité qui voient leur modèle de rentabilité bouleversé. Ce que résume bien son inventeur, le publicitaire Maurice Lévy, dans une interview au quotidien britannique Financial Times :

« Tout le monde commence à craindre de se faire uberiser. C’est l’idée qu’on se réveille soudainement en découvrant que son activité historique a disparu… »


 


Description

La phénoménale accélération du digital n'épargne plus aucun métier. Un défi pour les dirigeants en place confrontés à un risque croissant de perte de contrôle. Aujourd'hui, c'est toute notre pyramide sociale qui est bouleversée.

de Sabine Delanglade

Qu'y a-t-il donc de commun entre Uber, la jeune start-up d'à peine cinq ans, et Air Liquide, la centenaire installée dans tous les complexes industriels de la planète ? Leurs valorisations sont comparables, à peu près une quarantaine de milliards de dollars chacune, mais il ne s'agit pas de cela. Il est plus étrange que l'une inquiète l'autre. Non, Benoît Potier, le patron du groupe français, ne veut pas se lancer dans le business du taxi, mais la brutalité de l'apparition d'Uber lui démontre que tout peut arriver et qu'on ne sait pas d'où le changement, la fameuse « disruption », peut survenir : « Il se passe, dit-il, des choses actuellement qui bouleversent l'environnement à une vitesse inégalée. »

Le géant des gaz industriels a donc remanié sa recherche pour lui redonner la vivacité des start-up, il réfléchit aussi à alléger le poids de la hiérarchie dans son entreprise pour ne pas rebuter les jeunes ingénieurs innovants dont il a besoin. Tous les grands groupes ou presque, tels, par exemple, Pernod Ricard ou Michelin, se dotent de réseaux sociaux, tablent sur le numérique pour partager les bonnes pratiques, veulent « susciter les imaginations ». « Seuls les paranoïaques survivent », écrivait Andrew Grove, le patron d'Intel. Tous sur le pont face aux pirates du Net !

Les « Booking.com » et autres « Expedia » ont déjà privé les hôteliers d'une part de leur chiffre d'affaires, et la machine Airbnb s'apprête à leur piquer leurs chambres ! Cet été s'ouvrira, près de Nagasaki, l'hôtel « le plus efficace de la planète » (1). A l'arrivée, le check-in sera assuré par trois robots d'accueil qui ne remettront pas des clefs aux occupants mais enregistreront les caractéristiques de leurs visages afin qu'ils puissent ouvrir leur chambre par reconnaissance faciale. D'autres robots porteront les valises, serviront le café et feront le ménage, l'hôtelier en attend une économie d'au moins 70 % par rapport à un établissement conventionnel. De quoi comprendre qu'Accor projette de consacrer 225 millions d'euros à la bataille du numérique. Maurice Lévy, le patron de Publicis, évoque « l'uberisation » de l'économie.

Tous ces exemples montrent que nos managers ont peur d'être déconnectés, et combien l'excellent livre de Laure Belot : « La Déconnexion des élites » (2) touche juste. Déjà des associations, des fonctionnaires, des cadres lui disent qu'elle a mis dans le mille sur ce qu'ils sont en train de vivre, les DRH s'angoissent de ne pas trouver les formations qui permettraient de répondre au sujet. Ce qu'elle décrit c'est, bien sûr, l'accélération du monde digital. En 2013, un titre boursier a changé de mains en moyenne toutes les vingt-cinq secondes, en 2008 c'était tous les deux mois. Le problème, c'est surtout la perte de contrôle que cet essor induit : « En France comme dans les autres pays, les penseurs, les responsables économiques, politiques ou syndicaux découvrent une société qui ne les attend pas. » Le monde de Leboncoin.fr s'organise dans le sien. Il est plus facile de trouver un job par lui que par Pôle emploi, où « la grille des mots-clefs pour décrire les postes est archaïque, l'inscription des offres fastidieuse ». Agents immobiliers ou vendeurs de voitures sont aussi mis en cause. Pourquoi dépenser 5.000 euros par an en moyenne pour avoir une voiture à 95 % inoccupée quand BlaBlaCar est là ? Le succès des MOOC, ces cours en ligne, a pris de court le monde académique. Seuls 5 % des 2 millions d'inscrits à la plate-forme Alison (500 cours gratuits contre 6 en 2007) ont des diplômes supérieurs, fenêtre ouverte notamment pour les femmes écartées du savoir dans certains pays.

De cette fameuse économie collaborative, Laure Belot fait un tour passionnant et complet. Pret-dunion.fr ou Lending Club (plus de 6 milliards de dollars de prêts depuis 2007) sautent la case d'une banque perçue davantage comme un supermarché obscur de la finance qu'un « pilier de la société ». Résultat, on s'en passe, on se prête entre nous, et vive aussi le « crowdfunding ». Pareil pour la politique, on n'y croit plus, on pétitionne sur Change.org, c'est sur le Net que les « pigeons » patrons ont pris leur envol : « Cette société de liberté déborde toutes les élites, sans aucune culpabilité », remarquait alors le regretté sondeur Jean-Marc Lech.

Une que tout cela n'étonne pas du tout c'est Natalie Rastoin. Pour l'agence Ogilvy qu'elle dirige, elle sonde sans relâche cette société qui se lâche. Enarchie, grandes écoles, rallyes mondains, les élites au pouvoir ont mis toute une vie, une carrière, voire plusieurs générations à forger leur autorité : « Comment pourraient-elles comprendre qu'un blogueur puisse bâtir la sienne en quelques clics ? » Comme ce professeur d'informatique dans un lycée marseillais, qui en 2005 a lancé une campagne pour le « non » au référendum sur l'Europe quand toute la gentry économique ou médiatique votait oui. On connaît la suite. Cela fait donc au moins dix ans qu'elle aurait dû apprendre à éviter de se faire prendre dans les filets du Net.

Les politiques sont encore au bord de la route. A voir la fréquence soudaine de leurs voyages dans la Silicon Valley, les entreprises, plus pragmatiques, elles, enfin, embarquent.


Description

Le mot n'a pas encore été immortalisé par l'Académie française, mais il est référencé sur Wikipedia depuis le mois de février. Et ces dernières semaines, on ne voit plus que lui. Tapez "ubérisation" (ou "uberisation" pour ceux qui respectent son étymologie américaine) dans un moteur de recherche et vous obtiendrez une foule d'articles et d'analyses relayant ce terme, qui décline évidemment le nom d’Uber, la société californienne de VTC dont la concurrence fait rugir tous les taxis du monde. "L'ubérisation peut-elle mettre en danger l'économie ?", "L'ubérisation galopante vue par les experts", "Ubérisation : faut-il avoir peur ?"... Mais aussi "Vers une 'uberisation' du droit ?", "Vers une ubérisation du marketing" ou même - car il n'est pas toujours employé péjorativement - "Vivement 'l'ubérisation' de la vie politique française !". Le mot, désormais employé à toutes les sauces, apparaît déjà comme dévoyé. Mais que signifie-t-il exactement ?

La grande peur des patrons 

Comme Uber et son service à prix cassés, beaucoup de start-up peuvent entrer dans le champ de ce phénomène d'ubérisation : toutes ces plate-formes en ligne qui réduisent au maximum les intermédiaires et font trembler les acteurs traditionnels dans une multitude de secteurs. AirBNB ou HomeAway dans l'hôtellerie, Deezer ou Spotify dans la musique, Kisskissbankbank ou Lendingclub dans la finance... 

Le terme est en fait d'abord utilisé par les patrons : c'est Maurice Lévy, le P-DG de Publicis, qui l'avait le premier employé en décembre dans une interview au Financial Times. "Tout le monde commence à craindre de se faire ubériser", avait-il alors lancé. "Dans son esprit, nous explique l'économiste Charles-Antoine Schwerer, l'ubérisation est le fait, pour une entreprise dominante sur un marché, de voir celui-ci se faire très vite redessiner par un acteur nouveau de l'économie numérique, et de se réveiller une fois que c'est trop tard. Si on garde cette définition première, cela rejoint le terme anglais de 'disruption'". 

Mais l'économiste au sein du cabinet Astérès note que "certains vont l'utiliser pour parler de l'économie du partage, d'autres de l'innovation, ou encore simplement pour désigner un business model". Selon lui finalement, "si l'on s'en tient à la définition 'changement rapide des rapports de force grâce au numérique', on tient le sous-bassement de toutes les utilisations". On attend de voir comment le Larousse ou le Robert, qui devraient bien finir par l'intégrer à leurs nouveaux mots, le décriront.


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Animé par la Fédération Nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), cet observatoire a pour but d'analyser l'ubérisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit, de la protection des travailleurs affiliés aux plateformes...

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