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François Miguet, avec Raphaël Goument

De meilleurs services pour un prix plus bas... On a du mal à y croire mais la récente baisse de tarifs du service VTC d'Uber, en réaction aux nouvelles offres commerciales des compagnies de taxis parisiens G7 et Taxis bleus qui cherchent à reconquérir les clients perdus, est un exemple parmi d'autres de la révolution en cours que traverse notre économie, bouleversée par l'Internet.

La révolution des applis semble une aubaine pour les consommateurs. Mais elle risque d'accroître le chômage et la précarité. 
Voici à quoi nous devons nous attendre...

A voir son siège parisien, un simple appartement de 200 mètres carrés perché au-dessus d'un vendeur de scooters dans le quartier du Sentier, on imagine mal que Creads puisse faire trembler les empereurs de la publicité. «En France, Publicis et Havas se partagent le gâteau depuis trop longtemps. Il faut les bousculer !», plastronne pourtant Julien Mechin, le cofondateur de cette start-up de 40 salariés. Le secret de ce Robespierre 2.0 pour décapiter les multinationales ? Quand les agences paient des milliers de créatifs, lui n'en salarie aucun. Il a simplement constitué un réseau de 50.000 travailleurs indépendants, que les annonceurs (Citroën, La Poste...) peuvent mettre en compétition en quelques clics et à moindres frais. «Seuls les dix meilleurs projets sont rétribués et nous conservons la moitié des gains», précise le patron. Au printemps dernier, 175 membres de sa communauté ont planché sur le nom d'une carte de crédit pour la Société Générale. Premier prix pour la gagnante ? 200 euros. Un bel exemple d'uberisation.

UBERISATION ? CE NÉOLOGISME À LA MODE cache un tsunami économique. Grâce à la démocratisation du haut débit, des smartphones et de la géolocalisation, des petits malins lancent partout de nouvelles plates-formes en ligne, le plus souvent des applications, qui mettent en relation des travailleurs free-lance et leurs clients sans passer par les intermédiaires classiques. Ces croqueurs de capitaines d'industrie se rémunèrent généralement à la commission.

Leurs modèles ? Airbnb, l'hôtelier sans hôtels devenu premier logeur mondial (1,5 million de chambres), et, bien sûr, Uber, l'application qui a bouleversé le secteur ultraréglementé des taxis sans salarier aucun chauffeur et que les investisseurs valorisent désormais autant que General Motors : 51 milliards de dollars. Nombreuses sont les start-up qui rêvent de faire aussi bien ! «Dans un tiers des demandes d'investissement que je reçois, le business model est basé sur de l'uberisation», témoigne le serial investisseur Marc Simoncini, jadis créateur du site de rencontres Meetic.

Transport, logistique, tourisme, services à la personne, restauration, banque et même industrie du sexe... Cette nouvelle forme d'activité est en train de gagner du terrain de façon fulgurante dans presque tous les secteurs. Selon les experts du cabinet Deloitte, qui la qualifient d'«économie à la demande», elle devrait peser 100 milliards de dollars d'ici trois ans. Certes, son chemin n'est pas tracé d'avance, car la vieille économie fait tout pour se défendre contre l'envahisseur. Uber et ses chauffeurs, par exemple, affrontent depuis des mois sur tous les continents des caillassages, des grèves et des procès, de la Californie jusqu'en France. Mais ces escarmouches d'arrière-garde ne pourront que ralentir le mouvement irrémédiablement engagé. «Bientôt, tous les intermédiaires sans valeur seront balayés», confie Stanislas de Bentzmann, le président de Croissance Plus. Faut-il s'en plaindre ou s'en réjouir ?

Tout dépend de quel côté l'on se place ! Du point de vue du consommateur, l'uberisation est incontestablement une aubaine. D'abord parce que la technologie qu'elle met en branle permet d'améliorer les services. Grâce au système de notes et d'appréciations mis en place sur la plupart des plates-formes, par exemple, l'évaluation des services rendus est permanente, et ce système vertueux suffit à écarter sans délai les mauvais.

Vous aviez l'intention de mettre en location sur Drivy l'épave qui dort dans votre garage ? Vous feriez bien de renoncer ! Chez le leader français de la location de voitures entre particuliers , tous les véhicules sont systématiquement notés sur un barème d'une à cinq étoiles. Et leurs propriétaires évalués à la rubrique commentaire. «Loueur disponible, arrangeant, réactif... Je le recommande vivement», indique par exemple Julie, à propos de Gaël C, le particulier qui lui a loué un fourgon Renault Master à Saint-Maur-des-Fossés (94). Sur le site de Drivy, au design bien plus intuitif que ceux d'Avis ou de Hertz, même le temps de réponse moyen du loueur est répertorié. Gare à ceux qui mettent plus de trois heures à rappeler les clients...

DEUXIÈME AVANTAGE : LE PRIX. «Nos membres paient en moyenne 6 centimes par kilomètre», se félicite Frédéric Mazzella, le P-DG de BlaBlaCar, le leader européen du covoiturage. Imbattable ! Certes, les tarifs des applis ne sont pas toujours plus compétitifs que ceux pratiqués par les acteurs classiques, mais ils ont le mérite d'être quasiment toujours fixés à l'avance, ce qui limite les mauvaises surprises.

Terminé l'arnaque du plombier qui, sous prétexte qu'on l'a appelé en urgence pour une affaire de fuite d'eau sans prendre le temps d'exiger un devis, en profite pour dévaliser votre portefeuille ! Sur Hellocasa, une application 100% tricolore qui met directement en réseau clients et professionnels, toutes les prestations - plomberie, peinture, électricité, bricolage, jardinage - sont réglées d'avance et au forfait (à partir de 69 euros le déplacement à Paris, un quart de cette somme revenant à la start-up). Même principe chez Popmyday, une jeune pousse fondée par deux anciens d'HEC, qui propose des soins à domicile (coiffure, manucure, maquillage, etc.) sept jours sur sept, de 7 heures à 22 heures.

Les consommateurs bénéficient aussi des avantages de la géolocalisation, présente sur une bonne partie des applications. Sans elle, Deliveroo n'aurait jamais pu voir le jour. Cette pépite britannique a constitué un réseau de 1.200 coursiers indépendants (auto-entrepreneurs, étudiants, sans-emploi) pour proposer aux restaurants qui ne disposent pas d'un service de livraison de servir leurs clients à domicile à leur place. D'un simple coup d'œil sur son smartphone, le citadin affamé peut connaître en temps réel la position géographique du livreur et la distance qu'il lui reste à parcourir. De son côté, le restaurateur, qui a accès aux mêmes données, peut surveiller que la commande est bien arrivée à destination avant qu'elle ne refroidisse. Idem chez Uber, Lecab ou Chauffeur-prive : le voyageur pressé voit s'afficher en temps réel l'emplacement des berlines les plus proches et le temps qu'on mettra à venir le chercher, sans débourser un centime de plus.

Ultime avantage pour les consommateurs : l'invasion des barbares sur leur territoire force les acteurs traditionnels à se bouger. «Pour conserver leurs parts de marché, ils doivent absolument se mettre au niveau des start-up qui les uberisent», explique Jean-Marc Liduena, associé stratégie et innovation chez Monitor Deloitte. Ainsi, les secteurs les plus touchés, comme l'hôtellerie, font des efforts sur les prix et certains chauffeurs de taxi commencent à offrir des bouteilles d'eau à leurs clients. Et l'Union nationale des taxis est en train de roder en ce moment dans les rues de Bordeaux une application sur le modèle de celle d'Uber.

POUR CERTAINS SALARIÉS EN POSTE, par contre, l'uberisation est une bien mauvaise nouvelle. Elle nous précipite en effet vers un monde sans CDI, où le Code du travail risque de devenir très vite un chiffon de papier.«Historiquement, l'organisation de la production à vaste échelle avait toujours supposé la mise en place d'une entreprise, or ce n'est plus nécessaire», observe l'économiste Jean Pisani-Ferry.

Certes, l'incroyable souplesse du nouveau système va offrir bien des opportunités aux chômeurs et aux précaires qui croupissent du mauvais côté de la ligne. «A terme, et si tout se passe de manière idéale, le progrès technologique pourrait permettre à chacun de devenir son propre patron et de travailler où et quand bon lui semble. Le rêve de Marx en somme !», se réjouit le président du think tank libéral GénérationLibre, Gaspard Koenig. «Aujourd'hui, une mère de famille qui veut travailler uniquement quand ses enfants sont couchés peut le faire très facilement», renchérit le P-DG de Foule Factory, Daniel Benoilid. En un sens, c'est une bonne nouvelle, car cela va permettre de dynamiter la ligne rouge qui fracture depuis des décennies notre marché du travail. Le problème, c'est que cette révolution sociale va se payer au prix fort pour les millions de salariés en poste.

N'Y ALLONS PAS PAR QUATRE CHEMINS : pour le moment, uberisation rime avec précarisation. Non seulement les nouveaux employés «indépendants» ne bénéficient d'aucune garantie, mais ils sont souvent payés au lance-pierre. Il faut dire qu'une bonne partie des tâches proposées par les applis sont très peu lucratives.

Sur le Turc mécanique d'Amazon, par exemple, une plate-forme qui permet aux entreprises de déléguer des tâches administratives à des foules d'internautes, le tarif est librement fixé par le donneur d'ordre. Cela tire les prix vers le bas. Il faut dire aussi que les start-up imposent elles-mêmes une limitation des rémunérations (souvent 33.000 euros par an, le plafond de l'autoentreprenariat) de peur de voir leurs «employés» requalifiés en salariés. Ajoutons que la quasi-totalité de ces jeunes pousses n'est pas rentable : Airbnb devrait perdre 150 millions de dollars cette année et Uber trois fois plus. En cas de faillite, des milliers de personnes verront fondre leurs revenus !

Mais il y a plus grave : l'économie à la demande risque d'anéantir bien plus d'emplois qu'elle ne va en créer. «Jusqu'à présent, les cycles d'innovation avaient toujours permis de compenser les postes détruits. Mais cette fois-ci la donne va changer», pronostique Bruno Teboul, directeur scientifique chez Keyrus et coauteur de «Uberisation = Economie déchirée ?» (Editions Kawa).

Prenons l'exemple de la banque. Si les Français se prêtent de l'argent directement entre eux grâce aux plates-formes de financement participatif (comme Kisskissbankbank ou Lendingclub ) et règlent toutes leurs opérations courantes (virements, etc.) depuis des applications dédiées, à quoi diable pourront bien servir les guichetiers ?

La classe moyenne sera la première à souffrir de la situation. «Aux Etats-Unis, la polarisation du monde du travail a déjà commencé et c'est inquiétant», alerte Jean Pisani-Ferry. D'un côté les entreprises américaines se battent pour attirer les profils les plus rares, de l'autre elles sous-traitent en masse le maximum de tâches. Du coup, là-bas, un actif sur trois trime déjà en free-lance. «La plupart préféreraient occuper des emplois bien payés et plus sécurisés», a récemment regretté l'ex-secrétaire au Travail de Bill Clinton, Robert Reich, pour qui l'apparition de ces nouveaux jobs est un «cauchemar». Pas étonnant qu'outre-Atlantique l'uberisation soit présentée comme un sujet phare de la prochaine présidentielle.

On n'en est pas encore là chez nous. Pour le moment, nos entreprises en sont plutôt à... regarder passer les trains. Dans un système où le premier rafle tout («the winner takes all»), les plates-formes dominantes, souvent américaines, font la pluie et le beau temps. Certes, nous possédons une belle pépite : BlaBlaCar, le champion du covoiturage , qui a levé sans problème 73 millions d'euros l'an dernier pour accompagner son développement international. «Mais c'est un cas isolé et, pour le reste, on est encore très loin des milliards que collectent les start-up anglo-saxonnes», observe Bruno Teboul.

L'explication de ce retard ? Notre lourde fiscalité, qui refroidit les business Angels hexagonaux, bien sûr, la barrière de la langue (le plus souvent, les applis sont d'abord lancées en français, ce qui ne facilite pas les choses) et les difficultés de nos ingénieurs à communiquer sur leurs idées et à les populariser.

Le plus cocasse, c'est que la solution viendra peut-être de nos bons vieux groupes traditionnels. Face à la déferlante des start-up, certains ont en effet choisi de se jeter dans la bataille, sans craindre de cannibaliser leur business. Pour faire revenir les jeunes bidouilleurs habitués à louer le matériel des autres sur des sites comme Zilok, Mr Bricolage a lancé par exemple sa propre affaire de prêt d'outils entre particuliers, Ladepanne.fr. Même la SNCF s'uberise ! Depuis qu'elle s'est offert 75% du capital du loueur de voitures entre particuliers Ouicar (numéro 2 en France derrière Drivy, avec 400.000 membres), tous ses clients peuvent profiter de l'autopartage. Prenez garde, Yankees, nous arrivons !

7 SECTEURS EN PHASE D'UBERISATION : 

  • Taxis : À Paris, Uber a déjà dynamité le marché. En quelques mois, Uber, Lecab ou Heetch ont ringardisé les taxis de la capitale. Ils y exploitent plus de 10.000 véhicules. Gain pour le consommateur : Sourire, bouteille d'eau, voiture impeccable, tarif connu à l'avance, moindre attente, géolocalisation du véhicule qui vient vous chercher... Les nouveaux services n'ont que des avantages. Le prix, lui, peut être inférieur ou supérieur, selon la demande. Conséquences sociales : Comme Uber n'a pas de plaque à payer pour ses véhicules, la profession dénonce une concurrence déloyale . Le service Uberpop (n'importe qui peut s'improviser chauffeur avec sa propre voiture) a, quant à lui, été interdit.
  • Sexe : Toujours le peep-show... mais à domicile ! Terminé les clubs douteux où l'on entre en rasant les murs. Désormais, les amateurs de strip-tease peuvent voir les shows proposés en direct par des pros ou des madames Tout-le-Monde sur leur écran, via des sites spécialisés. Gain pour le consommateur : Plus confortable, plus propre, plus discret, le système a deux défauts. Les effeuilleuses en ligne n'apparaissent pas en chair et en os. Et, à 4 euros la minute, la note peut monter très vite. Conséquences sociales : Etudiantes ou ménagères pas farouches peuvent gagner 250 euros de l'heure. Mais les sites masquent souvent des usines à call-girls en Europe de l'Est, où les filles sont sordidement exploitées.
  • Crédits : Plus besoin de banque pour emprunter. De nouvelles plates-formes, comme Unilend ou Pret-dunion, mettent en relation particuliers ou PME qui veulent emprunter avec ceux qui peuvent prêter. Gain pour le consommateur : Tout le monde est gagnant. Les prêteurs empochent des intérêts souvent supérieurs au marché. Les emprunteurs, eux, se financent plus vite et plus facilement, sans avoir à fournir beaucoup de garanties. Les mécanismes de crowdfunding (dons) peuvent aussi prendre le relais lorsque les banques refusent les projets. Conséquences sociales : Toutes les activités bancaires traditionnelles sont remises en question. A terme, des milliers d'emplois pourraient être menacés.
  • Livraisons : N'importe qui peut s'improviser coursiers. Un repas à se faire livrer ? Un colis à déposer ? Avec Deliveroo ou Toktoktok, plus besoin de coursiers professionnels. Ce sont des particuliers qui font le boulot. Gain pour le consommateur : Plus de souplesse, plus de rapidité (32 minutes en moyenne pour Deliveroo), une facture plus faible et la possibilité de suivre son colis par GPS : ces nouvelles applis sont tout bénéfice pour le client. Et comme les porteurs sont notés, ils travaillent bien ! Conséquences sociales : Ce service va permettre à des milliers d'étudiants, de chômeurs ou de précaires de gagner jusqu'à 25 euros de l'heure. Par contre, il risque de fragiliser des centaines de sociétés de coursiers.
  • Tâches créatives : Bientôt la fin des agences de pub ? Slogan à trouver, logo à dessiner... Depuis quelques mois, des sites mettent en relation les donneurs d'ordre avec un réseau de milliers de créatifs indépendants. L'offre est proposée à tout le monde, chacun est libre d'y répondre. Gain pour le donneur d'ordre : Fini les facturations lourdes et opaques des agences ! Avec ce système, les prestations peuvent coûter cent fois moins cher. La Société Générale s'est ainsi offert un nouveau nom de carte de crédit pour... 400 euros! Conséquences sociales : Agences de pub et de com vont y laisser des plumes. Les créatifs aussi, car seul le vainqueur de l'appel d'offres est rémunéré. Les autres travaillent pour rien.
  • Location ou prêts d'objets : Entre particuliers, c'est moins cher ! De nombreux sites comme Zylok, Ilokyou ou Lamachineduvoisin proposent aux particuliers de louer (ou de prêter) leurs outils, leur matériel ou leurs équipements électroménagers. Ils rencontrent un succès grandissant. Gain pour le consommateur : Le système est plus souple et nettement moins coûteux qu'avec les loueurs traditionnels. Attention toutefois aux arnaques, fréquentes sur ces sites. Le système de notation et de commentaires, qui permet d'écarter les utilisateurs malhonnêtes, devrait contribuer à faire le ménage. Conséquences sociales : A terme, les sociétés de location de matériel pourraient supprimer des milliers d'emplois.
  • Tâches administratives : Des petites mains libres à tout moment. Classement de fichiers, référencement, dépistage d'avis ironiques... Ces microtâches très peu qualifiées, mais impossibles à réaliser avec des logiciels, vont être de plus en plus souvent externalisées. Des sites comme Foule Factory proposent de les confier à des milliers de particuliers volontaires. Il suffit qu'ils disposent d'un écran. Gain pour le donneur d'ordre : Plus de souplesse et des économies substantielles. Conséquences sociales : Le système permet à des milliers de gens dans le besoin de compléter facilement leurs revenus (jusqu'à 3.000 euros par mois). Mais il va précariser un peu plus les salariés non qualifiés.

Et d'autres secteurs sont aussi touchés : 

  • Contenus vidéo : En permettant à chacun de partager et de monétiser ses vidéos, YouTube a, le premier, tracé la voie de l'uberisation.
  • Services à domicile : Les applis Hellocasa ou Popmyday proposent du personnel à domicile pour toutes les tâches ou presque (plomberie, coiffure, etc.).
  • Droit : Les start-up de conseil juridique fleurissent sur la toile et offrent des solutions rapides.
  • Habillement : Plusieurs sites proposent aux particuliers d'échanger leurs vêtements.
  • Tourisme : Les Airbnb, Homeaway, Homeexchange et autres dynamitent déjà l'hôtellerie.
  • Alimentation : Il est possible de revendre une partie du dîner qu'on a cuisiné chez soi, via, entre autres, le site Super-marmite.

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Marion Kindermans, journaliste pour les Echos, analyse un nouveau pan de l'économie en passe d'être numérisé, modernisé, et au finla "ubérisé". La Cleanbox, Cleanio, Decompressing font partie des start up citées qui bousculent le secteur en se lançant sur le créneau écologique ou le pressing 2.0. Leviers retenus : "sur-traitance" et numérisation. Extraits

Le réseau traditionnel, qui a déjà fondu de moitié, est fragilisé par la fin programmée du « perchlo » en 2022. Des pressings mais sans magasins, sans tickets ni repasseuses apparentes ... après les taxis, les banques, les pressings sont eux aussi saisis du virus de l’économie collaborative. Cleanio, une jeune start-up parisienne, qui tourne aujourd’hui avec 5 personnes, s’est lancée en mars 2014 avec une idée simple : mettre fin aux queues interminables dans les pressing du quartier. En un click, sur le site Internet ou via l’appli sur I-phone , il est possible de programmer le passage d’un groom qui récupère les vêtements et les rapporte lavés et repassés 24 à 48 h plus tard. Et ce, 7j/7 et jusqu’à 23h. Pour cela, la jeune pousse passe des partenariats avec des pressings de la capitale. Rapidité, souplesse ... l’objectif est de coller aux nouvelles habitudes des consommateurs. Plusieurs entrepreneurs s’engouffrent dans ce créneau du pressing 2.0 pour l’instant principalement à Paris: Soyez BCBG, La Cleanbox, Decompressing,.... Le leader historique du secteur, 5 à Sec, a bien compris qu’il lui fallait, lui aussi, aller sur ce terrain. L’entreprise sortira une appli pour smartphone début 2016. « Il y a des besoins dans le domaine du nettoyage. Mais il faut créer un nouveau type de pressings comme l’a fait Uber dans les taxis. Ce type de structure permettra au secteur de retrouver des couleurs » vante Nicolas Boucault, le nouveau dirigeant de 5 à Sec. Le poids lourd a même avalé groombox, qui s’est spécialisée dans les conciergeries d’entreprises, un autre segment du nettoyage en plein développement. Il faut que les pressings mutent. Le secteur dégringole depuis une bonne cinquantaine d’années. Le réseau a fondu de 12.000 magasins environ dans les années 70 à 5.000 aujourd’hui. C’est une question de survie.


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OLIVIER PASSET, Directeur des synthèses économiques de Xerfi, publie une analyse très complète sur la "crise de la rétribution" du travail. Il revient sur les "vertus du salariat" mais fait le constat que cette base est en fort déclin, ce qui réduit la capacité correctrice de la fiscalité et de la protection sociale. Il résume la fuite salariale à 4 formes : la gratuité pure, le travail collaboratif consenti, l'ubérisation, et le travail au noir.

La montée des inégalités au sein des économies, est l’une des causes structurelles les plus régulièrement convoquée pour expliquer la crise des débouchés que traverse l’économie mondiale. Parmi les antidotes pour échapper au spectre de la stagnation séculaire, l’idée de colmater les fissures du vieux « compromis fordiste » ne relève plus d’un discours minoritaire. Les grandes institutions internationales, du FMI en passant par l’OCDE, l’ont même érigé en quasi-doctrine officielle et la problématique traverse aujourd’hui l’ensemble des régions du monde. Pour écouler son offre, le capitalisme redécouvre qu’il a besoin d’une redistribution équitable de ses gains de productivité, qui permette de démocratiser l’accès d’une large frange de la population aux nouveaux biens ou services.

Pour écouler son offre, le capitalisme redécouvre qu’il a besoin d’une redistribution équitable de ses gains de productivité

C’est par une meilleure redistribution verticale, des plus riches vers les plus pauvres, et horizontale, entre ceux qui subissent un risque et ceux qui ne le subissent pas, que le capitalisme a su, par le passé, résoudre son équation de débouchés. Et c’est ce compromis qu’il nous faudrait restaurer aujourd’hui, en réduisant les écarts primaires de salaire, et en renforçant le pouvoir redistributif de la fiscalité et de la protection sociale. La principale faiblesse de ce constat, c’est que, se référant à un concept historique, il nous oriente vers des outils eux-mêmes traditionnels que les politiques peinent à mettre en œuvre dans le contexte intense de concurrence entre les nations.

Les vertus du salariat

A trop se focaliser sur la problématique du salaire minimum et sur celle de la redistribution secondaire, on oublie parfois une seconde dimension essentielle du socle social sur lequel s’est bâtie la prospérité des Trente glorieuses : la généralisation du salariat, qui a formalisé la relation de travail et sa rétribution. Ce statut, a notamment permis de sortir de l’ombre, de monétiser et de sécuriser un travail qui existait déjà, mais sur un mode informel et sans vraie reconnaissance marchande.

La généralisation du salariat a fait notamment reculer tout le travail à façon ou à la tâche, permettant d’adosser des droits à des formes archaïques de relation de travail, sous rémunérées, sous organisées et sous assurées. Il a permis aussi de faire reculer le poids des emplois non rémunérés, dans les exploitations agricoles ou dans le commerce notamment, beaucoup de femmes assurant alors des tâches essentielles sans statut particulier et sans droit à la retraite. Il a enfin permis de monétiser une partie des tâches domestiques, en les externalisant. Un des principaux ressorts de la croissance d’après-guerre est précisément d’avoir fait sortir tout un pan du travail de la zone noire ou grise du gré à gré informel, de l’avoir inséré dans le circuit économique, élargissant considérablement la base des débouchés.

Une base salariale en déclin

Or avec le délitement du statut salarial, sa mise en concurrence avec des modèles d’affaires « ubérisés » ou mobilisant de la ressource gratuite, ce n’est pas seulement à une crise de la redistribution à laquelle nos économies sont exposées. C’est aussi à une crise plus profonde de sa rétribution. Relever ce défi est devenu prioritaire, car l’attrition de la base salariale réduit la capacité correctrice de la fiscalité et de la protection sociale, les plaçant dans une impasse financière. L’économie dite du partage, et à travers elle le développement des différentes formes collaboratives de travail, ne peuvent plus être traitées comme des épiphénomènes. Certes le travail collaboratif correspond à de nouveaux besoins de structures de productions plus horizontales, fonctionnant sur le mode projet. Certes, il peut correspondre dans certains cas, pour les plus qualifiés en particulier, à un désir d’autonomie. Mais il constitue surtout une forme extrêmement balbutiante de contribution au travail, qui faute de formalisation crée d’importantes fuites dans le circuit économique, et une grande opacité dans le repérage de la création de valeur.

Les 4 formes de la fuite salariale

Cette fuite prend différentes formes. Elle va de la gratuité pure et simple, involontaire ou consentie, à la sous-rémunération.  Au rang de la gratuité involontaire, il faut ranger tout ce qui relève de la problématique du « consom’acteur ». On peut reprendre ici les termes de Pierre Collin et Nicolas Colin dans le cadre de leur rapport sur la fiscalité numérique de janvier 2013 : « les utilisateurs, bénéficiaires d’un service rendu, deviennent  des  quasi‐collaborateurs,  bénévoles,  des  entreprises.  Collectées,  stockées  et traitées pour être intégrées en temps réel à la chaîne de production, les données issues de  leur  « travail  gratuit »  contribuent  à  brouiller  la  frontière  entre  production  et consommation ».

Au second rang de la gratuité, il y a le travail collaboratif consenti, dans une optique de don contre don, et qui participe à la co-création de « communaux ». A cela près que de plus en plus souvent le pacte est rompu, lorsque la plateforme collaborative se vend et que certains empochent les gains d’un bénévolat librement consenti ou y greffent des recettes publicitaires ; à l’instar du Huffington Post lorsqu’il s’est vendu pour 300 millions de dollars à AOL.

Il y a enfin tout l’étage du travail « uberisé », qui permet à un intégrateur de mobiliser du capital et de la ressource humaine sous-utilisée, développant ainsi une nouvelle zone grise de travail, sous rémunéré et dérogeant au droit social. Cette tendance de fond a pour dernier avatar le développement par Amazon de son application Flex, grâce à laquelle chacun peut s’improviser livreur à la demande, durant ses heures perdues, pour 18 à 25 dollars de l’heure, en utilisant son propre véhicule et son smartphone.

Avec l’extension du travail collaboratif, c’est bien toute une zone grise du travail qui s’étend et qui fragilise le circuit de la consommation. La valeur créée par ce travail n’est cependant pas perdue pour tous, mais accaparée par un petit nombre. Pour sortir de cette crise de la rétribution, il faut non seulement repenser nos cadres juridiques, mais aussi se donner les moyens de tracer la valeur utile de ces contributions.


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Depuis le début de l’année 2015, le terme « uberisation » revient dans de nombreux médias. Il fait suite à l’irruption sur le marché français de la start-up californienne Uber, spécialiste mondial du VTC valorisé à 50 milliards de dollars. Devenue un leitmotiv, cette expression garde cependant une signification obscure pour beaucoup. Comment définir au mieux ce terme d’uberisation et comprendre les enjeux qu’il implique ?

Définition du terme

A l’origine de ce néologisme, on trouve la société américaine Uber, qui s’est fait connaître en France avec la révolte des taxis dénonçant une concurrence déloyale, au vu des tarifs particulièrement bas appliqués par l’entreprise. Le terme d’uberisation a depuis connu un vif essor dans la sphère médiatique. L’une de ses premières utilisations est le fait du PDG de Publicis Maurice Lévy, lors d’une interview donnée au Financial Times. Il évoque alors la peur des entreprises de se faire « uberiser ». Dans ce cas de figure, l’uberisation désigne, pour toute entreprise, la crainte de subir la concurrence d’un acteur nouveau de l’économie numérique, à l’instar de ce qu’ont connu les chauffeurs de taxi face au service proposé par Uber. L’uberisation désigne donc la peur, pour les entreprises dominantes, de se voir mises à mal par des start-up innovantes tirant partie des possibilités numériques. Cette définition rejoint celle du terme anglais « disruption », caractérisant la situation d’une entreprise dépassée par un concurrent novateur.

Plusieurs exemples d’uberisation

On peut considérer que le phénomène d’uberisation est susceptible de s’appliquer à de nombreux secteurs d’activité, et de concerner toutes les start-up qui prennent des parts de marché à des acteurs traditionnels. On parle alors d’un phénomène global d’uberisation de la société comme d’une avancée du monde digital. Ainsi, on peut considérer que la concurrence faite par de jeunes entreprises comme Airbnb et HomeAway aux groupes hôteliers relève d’un processus d’uberisation du secteur. Le phénomène peut au final être étendu à un grand nombre de domaines, partout où les entreprises digitales contribuent, par leurs innovations et leurs prix inférieurs, à faire de l’ombre aux sociétés en place. Toutes les plateformes en ligne supprimant les intermédiaires entrent dans cette catégorie : Deezer et Spotify pour la musique, BlaBlaCar pour la location de voiture, Alison pour l’enseignement ou encore KissKissBankBank pour le domaine bancaire.

D’autres applications possibles

Il est possible d'imaginer une utilisation plus large du terme d’uberisation, qui est en mesure de regrouper plusieurs acceptions. La définition de base, qui évoque un rapide basculement des rapports de force en faveur du numérique, peut dépasser également le strict cadre de la concurrence économique. Il est donc possible de parler d’uberisation pour désigner un modèle économique basé sur le partage, un service jadis physique proposé à présent sur une plateforme en ligne, ou encore le business model d’une entreprise. Plus largement, l’uberisation de la société évoque l’accélération du monde digital, et la part de plus en plus importante qu’il occupe dans le domaine de l’entreprise. Un chiffre permet de comprendre cette évolution soudaine : en 2008, un titre boursier changeait de main tous les deux mois, alors qu’aujourd’hui un tel changement intervient toutes les 25 secondes en moyenne.


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Claire Padich, journaliste pour NetPME, publie le 29/09/2015 un article sur les exemples étrangers de réforme du code du travail.

A l'occasion du "nouveau code du travail" qui devrait être présenté en 2016, les pistes de réflexion s'inspirent souvent des exemples étrangers. L'Uberisation est une des pistes les plus souvent évoquées.

Jean-Denis Combrexelle a en effet remis au Premier ministre un rapport le 9 septembre dernier dans lequel la négociation collective devrait servir de cadre à la réforme du code du travail.

A la différence de nombreux acteurs traditionnesl du dialogue social, certains entrepreneurs imaginent que l'uberisation serait une piste réelle et sérieuse. Elle est en tous cas évoquée par quelques acteurs, comme le rapporte la journaliste : "Je suis pour l’Uberisation de l’économie qui table sur les nouvelles technologies, affirme de son côté Christian Person, PDG d’Umalis, société de portage et président du Club des entrepreneurs de croissance, car il existe un potentiel économique très important. On a besoin du travail des autres, des nouveaux services et ces mécanismes nous ont été révélés par Uber. Il ne faut pas se tromper : c’est une opportunité pour créer de l’emploi"

Et cet entrepreneur contribue à son niveau à l'ubérisation des services en lançant une plateforme de mise en relation spécialiée dans l’accompagnement touristique. Les nouvelles technologies seront son levier...


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Uber, Airbnb, Netflix, Blablacar, MyMajorCompany, Creads, OuiShare, KissKissbankbank : autant d’entreprises qui n’ont a priori rien en commun tant leurs secteurs d’activité sont éloignés. Et pourtant, elles participent toutes à l’uberisation de l’économie. Pour mieux comprendre, Creads, plateforme participative de freelances, vous présente 11 indicateurs dans un billet assez long et assez complet. Extraits :

1. Le sens du service

L’uberisation de l’économie (autrement nommée uberification), touche avant tout l’économie de service : transport, logement, banque, divertissement, biens de consommation, service à la personne, créations graphiques, livraison de repas, de fleurs et même recrutement et la santé. Julien Mechin, co-fondateur de la plateforme participative Creads, estime que « l’ uberisation est en train de toucher tous les secteurs de l’économie en apportant une couche de services supplémentaires à tout type de biens. »

2. Intermédiation de services

Les acteurs de cette nouvelle économie visent à supprimer les intermédiaires afin de développer une offre de tarifs attractifs. Selon Julien Mechin « elle permet de créer un intermédiaire peu coûteux par le biais de l’innovation technologique, souvent des plateformes digitales.» C’est d’ailleurs pour cela qu’on appelle également cette économie, l’économie de plateforme .

3. Application mobile… simple et intuitive

Premier écran au monde devant la télévision, avec plus de 30 millions de mobinautes en France, et 9 mobinautes de plus chaque seconde dans le monde*. Les entreprises appartenant à l’économie de partage ont saisi l’opportunité du « mobile friendly » et ont développé une offre basée sur une application mobile.
Mais pas d’appli complexes à utiliser, celles-ci sont simples et intuitives. Elles ne possèdent souvent que peu de fonctionnalités pour plus d’efficacité.
*sources : RSLN Mag, CB News, Frenchweb

4. Un service immédiat In Real Life (IRL)

Si l’intermédiaire est digital grâce à l’appli mobile, le service est lui, bien réel. Et souvent quasi immédiat, ou en tout cas réalisé très rapidement.
Car l’avantage principal du mobile et de ces nouveaux business se base avant tout sur le gain de temps qu’il offre à ses clients. C’est pourquoi on l’appelle aussi économie à la demande ou économie souple « je veux, j’obtiens ». Il s’agit de services associés à des produits concrets. “Chez Creads nous donnons accès à une communauté digitale composée d’hommes et de femmes qui vont produire des créations graphiques pour nos clients” explique Julien Mechin. “Même si la commande se fait en ligne, derrière, tout est une histoire de relations humaines tripartites entre le client, le graphiste et la plateforme”.

5. Des startups déjà rodées

Toutes les entreprises nageant dans les eaux de cette nouvelle forme d’économie sont des startups. Mais contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas de « bébés startups », plutôt des entreprises ayant déjà 4 à 5 ans d’existence et qui ont travaillé dur pour arracher le succès.

6. Inscrites dans l’ère de l’informatique ubiquitaire

Toutes les startups appartiennent au nouvel écosystème économique lié à l’informatique ubiquitaire. Ubiquiquoi ? L’informatique ubiquitaire ou informatique ambiante s’organise à partir d’un réseau de machines intelligentes. Ces machines suivent nos habitudes, anticipent nos besoins et communiquent discrètement entre elles « de manière non intrusive et presque invisible*». L’informatique a pénétré notre vie quotidienne et rendu omniprésent l’accès à l’information et donc bouleversé notre rapport à celui-ci.
Dotée de capacité d’analyse de l’environnement et des utilisateurs, cette intelligence artificielle permet aux entreprises de s’adapter ou de réagir en fonction des événements. Ce bouleversement est résumé dans le terme  mobiquité inventé par Xavier Dalloz, expert en conseil stratégique sur l’utilisation des nouvelles technologies, et dans la baseline « AnyTime, AnyWhere, AnyDevice ». Les startups de l’uberisation utilisent efficacement ces avancées technologiques et ont compris le bouleversement qu’elles impliquent dans la vie de tous les jours.

*source : Wikipédia

7. Même métier, même client, nouveau business model

Si l’ uberisation fait trembler les entreprises, c’est parce que ces entreprises ne créent pas de nouveaux concepts, elles améliorent l’existant. Pour y parvenir, elles changent le business model, pour profiter des atouts de l’informatique ubiquitaire mais aussi de la sharing economy (ou crowdsourcing ou économie participative ou encore collaborative).
En effet, le principe est souvent simple comme l’explique Julien Mechin, il s’agit ainsi de « créer une adéquation entre le besoin (du client) et une ressource disponible (chez le prestataire). L’économie participative permet d’offrir des solutions avec une grande adaptabilité et une grande flexibilité. »

8. La maximisation de l’expérience utilisateur via l’UXM (User Experience Marketing)

Ces entreprises ont également en commun d’avoir proposé une offre de services basée sur une insatisfaction client. Ces startups font donc preuve d’une grande empathie client, d’une très bonne connaissance du marché sans pour autant en être initialement un intervenant (avant Uber, son fondateur avait créé une startup dans l’échange de documents en peer-to-peer).
Paradoxalement, les innovations qui en résultent sont à la fois « disruptives » et relativement « simplistes ».
Ainsi, un avantage considérable de ces entreprises est une culture du service client, se faisant, elles améliorent la qualité perçue du service proposé : soit en proposant des offres plus compétitives, soit en permettant de gagner du temps (le luxe de notre époque) soit en travaillant la relation client-entreprise et en proposant une expérience créatrice de valeur (des contenus riches d’informations ou de divertissements, un design agréable et une navigation fluide par exemple).

9. Innovation ouverte

Les startups de l’uberisation pratiquent l’innovation ouverte. Par ce biais, elles permettent une transformation en profondeur des marchés existants en proposant des innovations « disruptives ».
L’un des axes d’innovation (au-delà de l’UXM vue précédemment) est la technologie puisque ces entreprises viennent prendre la place laissée béante par les entreprises en place non (ou mal) digitalisées. A l’image d’Uber, elles sont créées par des ingénieurs, embauchent des pointures en mathématiques et même en physique nucléaire, et viennent ainsi combler « le ratage de rupture technologique »* des acteurs en place.

*source Olivier Ezratty

10. Un succès fulgurant et un modèle scalable

Autre caractéristique des entreprises de l’uberisation : leur modèle permet de créer un acteur dominant dans un temps très court.
Cette montée en puissance et cette explosivité sont permises par leur modèle scalable, c’est-à-dire, un modèle permettant de copier-coller son organisation dans de nombreuses villes et donc de gérer une forte croissance de l’activité de manière fluide, sans que la qualité ne soit altérée.
En poussant l’idée un peu plus loin, les acteurs mondiaux de l’uberisation sont également les maîtres de l’économie d’échelle, notamment en marketing et communication.

11. Un financement massif

La dernière caractéristique n’est pas la moins importante puisque ces startups ont majoritairement réalisées des levées de fonds considérables et possèdent des valorisations théoriques (boursières) énormes. On les appelle également les startups unicorns, phénomène amplifié en 2014 avec un triplement des financements (vs 2013) avec notamment Instagram et Whatsapp (respectivement ($1B et $19B encore par Facebook) et surtout Uber, la plus importante levée de fonds avec $5,9B*.


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Les économistes, y compris le prix Nobel Joseph Stiglitz ou encore Daniel Cohen, éminent professeur directeur de l’Ecole d’économie de Paris, minimisent l’impact de « l’uberisation » sur le PIB. En fait, il faudrait réinventer le calcul du PIB pour y voir des réels impacts. C'est ce que démontre Dominique Thiebault, Journaliste sur Challenges.fr

Dernier avatar économique de ce nouveau siècle, l’ « uberisation »  est en marche. Et du coup on peut se demander comment évaluer en points de PIB l’impact de ce phénomène qui touche de plus en plus de secteurs ? En fait, les experts s’interrogent déjà sur le fait de savoir s’il n’y aurait pas une sorte de mine de croissance cachée dans l’économie dite « collaborative », qu’il ne faudrait pas confondre avec l’économie « parallèle » ou encore la « virtuelle »...   En tous cas, voici venu le temps de réaliser une grande équation, en calculant un « super PIB » du XXIème siècle, ce qui  au passage permet de nettoyer notre bon vieux PIB qui correspond de moins en moins à la réalité économique.

Le problème majeur est d’évaluer les « valeurs ajoutées » - c’est le nom donné aux composants microéconomiques par secteurs du PIB qui en est la somme macroéconomique. Très vite on se rend compte qu’il convient de mener une révolution méthodologique. Certains économistes académiques s’y sont attelés. Avec des résultats décevants. L’activité collaborative, ne pèserait que 3,5 milliards de dollars au niveau mondial. Pourquoi un chiffre si symbolique, alors que la capitalisation d’Uber par exemple, est d’une cinquantaine de milliards ? Parce que par nature même, cette économie là ne ferait que rentabiliser des ressources qui existent déjà. Uber utilise des vraies voitures, avec de la vraie essence dans le réservoir et en principe des vrais chauffeurs formes, autant d’éléments tangibles déjà comptabilisés dans notre bon vieux PIB. Reste la simple valeur ajoutée apportée par ce service…

Daniel Cohen, en éminent professeur directeur de l’Ecole d’économie de Paris qu’il est,  se borne à observer que «  depuis 30 ans la croissance n’a pas cessé de diminuer ; malgré une révolution numérique sans précédent » Mais si ladite révolution technologique  transforme notre rapport aux services, notamment par suppression des intermédiaires et des filières, le gain économique est loin d’être évident explique  David Vives,  dans les colonnes de l’hebdomadaire Epoch Times…Philippe Moati (Université Paris-Diderot), explique pour sa part le pourquoi du comment de ce qui rend muette la fille collaboratrice de l’économie réelle: « C’est du capitalisme sans capital. Par exemple, le covoiturage fait de l’argent avec la voiture de son adhérent et AirBnb n’a pas – ou très peu- d’immobilisations». Certes encore, mais avec justement ce presque rien AirBnb, vaut plus cher que l’ensemble des grandes chaînes hôtelières…

Tout en haut de l’échelle des économistes, le Prix Nobel Joseph Stiglitz, connu- entre autres - pour ses réflexions sur le PIB  déclarait récemment dans Le Monde : « Pour l’instant, Facebook, AirBnb, l’économie collaborative ne génère pas de gains de productivité aussi puissants que ceux de la révolution industrielle et nous ne savons pas mesurer ce qu’elles apportent dans le Produit Intérieur Brut ».

Bon, on veut bien le croire, comme les autres ;  mais cela rappelle furieusement les débuts du e-commerce : les experts disaient «  cela ne va pas faire grand chose, peut-être 1 à 2% du total des achats des consommateurs… ». Quand même, on a envie de prendre une calculette et de faire une multiplication de ce … pas grand chose par des multitudes qui les supportent ! Comme par exemple des fractions de temps-machines ou autres critères repérables et mesurables ? Ou bêtement la consommation d’électricité des fermes de stockage de cloud et autre big data, comme on faisait au siècle dernier pour calculer le PIB des pays africains dépourvus de comptabilité nationale sérieuse. Puisque les macroéconomistes déclarent forfait, il faut faire soi-même le travail : à nos calculettes ! 


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Mounia Van de Casteele, journaliste à La Tribune, revient sur la récente interdiction d'UberPop. Elle va selon elle raviver les tensions entre taxis et VTC, car le véritable problème est posé par le régime  d'auto-entrepreneur fiscalement avantageux pour les VTC. Explications sur le combat des syndicats de taxis contre tous les formes d'ubérisation (Transport à moto via smartphone, VTC autoentrepreneurs)...

Les taxis restent très remontés non pas contre les VTC qui descendent de l'historique "Grande remise", mais contre tous les "vendeurs d'applications pour smartphone". Sans parler des particuliers "qui s'improvisent chauffeurs pour arrondir leurs fins de mois", déplore la FNDT.

La décision des Sages referme un chapitre mais en rouvre un ancien. En confirmant l'interdiction d'UberPop, l'offre de transport entre particuliers à prix cassés, le Conseil constitutionnel règle certes en partie le problème du "taxi clandestin". Le service du géant américain Uber cristallisait jusqu'à présent toutes les tensions émanant aussi bien des taxis que des entreprises et plateformes de VTC (voitures de transport avec chauffeur), mais également des applications pour mobile comme Heetch et Djump -qui a préféré depuis se faire racheter par le VTCiste Chauffeur Privé.

Reste le cas de Heetch

Notons que ce dernier point peut surprendre, alors que les pouvoirs publics ont tendance à mettre UberPop, Heetch et Djump dans le même panier.... Mais quid de la toute jeune pousse Mapool -dont le modèle économique s'apparente à celui de Heetch, qui met surtout en avant (et c'est assez habile de sa part) le transport de personnes par des particuliers en moto, maintenant que le transport de personnes par des particuliers à titre onéreux est déclaré illicite, excepté pour les deux-roues... Va-t-elle pour autant arrêter son service qui fonctionne de la même façon mais avec des voitures, sachant qu'elle est soutenue par BPI France et la région Ile-de-France ?

Un report de la demande

Quoi qu'il en soit, d'une certaine façon, seul le dossier "Uber" semble désormais classé. Car il reste encore à résoudre le "problème Heetch et des autres applications similaires", expose à La Tribune Didier Hogrel, président de la Fédération nationale du Taxi (FNDT). Concernant Heetch d'ailleurs, la majorité des VTC estiment également qu'un certain flou mérite d'être dissipé par l'Etat. Et pour cause, "les services de transport à titre onéreux entre particuliers cannibalisent la demande", explique à La Tribune Bertrand Altmayer, cofondateur de Marcel Chauffeur, une plateforme de mise en relation entre clients et chauffeurs de VTC professionnels. Chiffres à l'appui : le chef d'entreprise assure ainsi que depuis les dernières grèves des taxis ayant abouti à l'interdiction d'UberPop par arrêté préfectoral, Marcel a doublé sa croissance !

Ce qui n'est pas du goût des taxis. C'est le moins que l'on puisse dire. "Les taxis restent nerveux", confirme Yves Weisselberger, co-fondateur de SnapCar et président de la FFTPR -la Fédération française de transport de personne sur réservation créée par Benjamin Cardoso (Le Cab). Et pour cause, "ils n'ont toujours pas digéré l'histoire des licences de VTC", poursuit-il. A cet égard est-il besoin de rappeler toute la bataille autour d'un possible délai de 15 minutes, que les taxis voulaient faire imposer aux VTC, et qui avait finalement été annulé par le Conseil d'Etat en décembre?

Des textes non appliqués

Cependant les taxis n'ont pas dit leur dernier mot. Car à leurs yeux, le problème est en effet loin d'être réglé. C'est d'ailleurs pour cela que l'interdiction d'UberPop ne les satisfait que moyennement à en croire Didier Hogrel... Pour simplifier leur discours, les taxis n'admettent pas le fait de se faire concurrencer par des applications pour smartphones. "Ce que nous condamnons ce sont tous ces vendeurs d'applications pour smartphones", avertit le président de la FNDT. Et de poursuivre :

"Aujourd'hui la mode est aux transports, mais si demain la mode est à la banane, vous verrez qu'ils iront tous sur le marché de la banane !"

Les taxis condamnent notamment "la non-application des textes en vigueur", à commencer par le "stationnement des VTC dans la rue" quand ils sont censés retourner à leur base entre chaque course. Didier Hogrel lance ainsi :

"Les fédérations de taxis professionnels condamneront toujours de tels procédés !"

Le statut d'auto-entrepreneur en question

Mais surtout, "ce qui pose un réel problème, c'est le statut d'auto-entrepreneur", rappelle Didier Hogrel. "Si ce statut était interdit pour les VTC comme il l'est pour les agriculteurs, tous ceux qui en profitent pour faire un complément d'activité arrêteraient et cela limiterait la nuisance faite aux taxis", estime encore le président de la fédération. Qui va même jusqu'à déclarer :

Aujourd'hui le taxi est en train de mourir à cause des chauffeurs occasionnels."

Soulignons au passage que ce n'est pas le fait que la grande majorité des VTC soient des "indépendants" qui pose problème, puisque c'est également le cas des chauffeurs de taxis (que diraient G7 et Taxis Bleus s'il fallait salarier tous leurs "chauffeurs partenaires"...?), mais bien le statut d'auto-entrepreneur, plafonné à 32.900 euros pour les services, et fiscalement très avantageux.


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Le Bon Coin, BlaBlaCar, Airbnb : allez-vous être bientôt imposé ?, c'est la question posée par Mathiru Sicard, journaliste chez Metronews, qui revient sur le souhait des sénateurs de taxer le produit des services ou des biens vendus sur les plateformes. Extraits.

"Ils veulent encore nous taxer !" C'est sans doute l'exclamation attendue du contribuable qui apprend, entre l'impôt sur le revenu et la taxe d'habitation, que ses revenus d'appoint pour arrondir les fins de mois pourraient bientôt (aussi) être imposés. 

C'est en tout cas le souhait des sénateurs qui ont adopté deux rapports pour proposer que cet argent de poche n'échappe plus impunément au fisc. En clair : l'ajouter automatiquement à votre déclaration de revenus. Pourquoi, comment ? Metronews fait le point. 

► Que dit la loi ?
En théorie, vous devez déclarer tous vos revenus, même ceux issus des plateformes internet. Dès lors qu'ils sont répétitifs, ils sont soumis à l'impôt sur le revenu au titre des bénéfices industriels et commerciaux (BIC). Il y a une case pour ça dans votre déclaration de revenus... mais en pratique, "les revenus sont rarement déclarés, rarement contrôlés, et rarement imposés", ont constaté les sénateurs.

► Qu'est-ce qui pourrait changer ?
Il faut que vous le sachiez : les sénateurs ne vous en veulent pas. Si vous fraudez, ce n'est pas de votre faute : vous ne savez pas comment déclarer vos ventes sur Le Bon Coin ou la location de votre logement sur Airbnb. Mais il faut trouver une solution. Voici celle des élus du Palais du Luxembourg : 

Airbnb, BlaBlaCar, etc. ⇒ Les sénateurs proposent que l'opérateur déclare votre revenu (exactement comme le fait votre employeur). Votre déclaration aux impôts serait déjà pré-remplie. Tout s'ajoute, comme si vous aviez un plus gros salaire. Vous êtes imposé sur le revenu comme n'importe quel autre contribuable. 

Le Bon Coin, eBay, etc. ⇒ Il s'agit là de cibler les vendeurs professionnels qui se cachent. La vente d'occasion entre particulier échappe toujours à l'impôt et il n'est pas question que cela change. 

► Qui va payer ?
Bonne nouvelle pour ceux qui arrondissent leurs fins de mois : pas question de vous saigner. Si vous avec accumulé moins de 5000 euros, vous ne serez pas imposé sur ces revenus complémentaires. Il n'est pas question (du moins pour le moment) de racketter les contribuables qui "oublient" de déclarer ces revenus de bonne foi. 

En revanche, les utilisateurs qui font de plus gros bénéfices ne pourraient plus contourner leurs obligations fiscales.

► C'est pour quand ? 
Le temps législatif peut être long. L'idée est d'impulser de meilleures pratiques... et de faire un peu peur aux fraudeurs. Dans un premier temps, les plateformes déclareraient ces revenus à un "central" sur la base du volontariat. Mais un prochain projet de loi pourrait créer ce système de prélèvement rattaché à un "statut des plateformes". 


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Uberisation de l’hôtellerie, du tourisme, il ne se passe pas une journée sans que l’on entende ce terme : « uberisation ». Mais que veut-il vraiment dire ? Qu’est-ce que c’est exactement ? Explications du site reponseatout.com.

Il se pourrait que le verbe « uberiser » entre bientôt dans le dictionnaire. Cette nouvelle expression est désormais sur toutes les lèvres et parfois utilisée à toutes les sauces sans que l’on ne comprenne sa signification. C’est le publicitaire Maurice Lévy qui a lancé le terme « uberisation » en référence à Uber, la société américaine de voitures de transport avec chauffeur.

Que signifie l’uberisation ?

Le terme « uberisation » est employé lorsque des secteurs économiquement historiques se retrouvent ainsi tout d’un coup confrontés à une nouvelle société, le plus souvent une start-up, qui elle, propose par la voie des nouvelles technologies (internet, applications mobiles), une alternative bien plus attrayante pour les consommateurs. Le tout sans intermédiaires. Selon Philippe Moati, co-fondateur de l’observatoire Société et Consommation et professeur d’économie à l’université Paris-Diderot, « L’uberisation, c’est aussi la promesse d’une nouvelle expérience de consommation ».

L’ uberisation ne créée par de nouveaux concepts mais améliore ce qui existe déjà. Cela s’accompagne généralement par une perte de monopole d’un secteur traditionnel. Et c’est ce qui c’est passé pour les taxis qui ont vécu cette expérience avec Uber.

Vers une uberisation de la société ?

Telle une traînée de poudre, ce phénomène s’étend désormais peu à peu à tous les secteurs économiques en plus du transport automobile. C’est le cas pour l’hôtellerie avec, entre autres, AirBnB où l’on peut louer une chambre ou un appartement directement auprès du propriétaire.

Fortement touchés par cette uberisation, les secteurs du transport automobile et hôtelier ne sont pourtant pas les seuls. Ce phénomène serait amené à toucher de nombreux autres métiers :service à la personne, banques, assurances, restauration…

Tel est le cas par exemple pour le secteur du livre qui lui aussi se fait uberiser avec l’apparition de plateforme où des auteurs amateurs peuvent maintenant publier leurs œuvres de façon électronique, avec par exemple : Amazone Publishing.

Le domaine de la santé, que l’on pourrait croire encore épargné jusqu’ici par l’uberisation, pourrait également se développer notamment avec l’apparition de nouveaux services qui permettraient de mettre en relation le patient avec le médecin le plus proche de son domicile. Si cela existe aux Etats-Unis sous le nom de « Heat », l’idée germe petit à petit en France. Parmi les nouvelles applications apparues sur le marché français, on retrouve, entre autres, 1001 pharmacies. Une vente en ligne de produits de santé, du bien-être aux médicaments.

L’uberisation se propage sur tous les secteurs économiques, jusqu’à même toucher le plus vieux métier du monde. En Allemagne, la prostitution entre particuliers a désormais son application, « Ohlala ».


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Animé par la Fédération Nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), cet observatoire a pour but d'analyser l'ubérisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit, de la protection des travailleurs affiliés aux plateformes...

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