Les plateformes de type Uber seraient une menace pour un nombre croissant de professions. L’uberisation favoriserait immanquablement la concurrence par les prix, la disparation des acteurs historiques, la destruction d’emplois. Bref, ce mouvement serait en quelque sorte subi, voir une menace. Ce n’est pas toujours le cas. Car il renferme aussi un certain nombre d’opportunités pour les acteurs en place.
Prenons l’exemple des métiers du droit avec les « LegalTech » : Testamento.fr, DemanderJustice.com, Captain Contrat ou LegalStart.fr. Ces start-up du droit en ligne ont fait le choix d’un positionnement qui prend à contre-pied les pratiques des acteurs traditionnels. Pour être clair, elles font le pari d’une démocratisation des procédures judiciaires et administratives pour les particuliers et les petites entreprises. S’appuyant sur des offres 100% numériques grâce aux technologies digitales de dématérialisation et d’automatisation, ces nouveaux venus mettent très clairement en avant l’argument prix tout en jouant la carte de la transparence sur la question des tarifs. Les LegalTech misent aussi sur d’autres propositions de valeur différenciantes comme la simplicité d’utilisation, l’accessibilité, la disponibilité, la sécurité.
Soit dit en passant, ces acteurs ne sont pas tout à fait des exemples d’uberisation. Ce sont plutôt des exemples de digitalisation d’offres traditionnelles. Car je vous rappelle que l’uberisation fait référence à la plateforme californienne de voitures avec chauffeurs Uber qui consiste à fédérer à très grande échelle d’un côté des individus non salariés, et de l’autre des clients qui peuvent par la suite évaluer le service.
Aujourd’hui, certaines LegalTech sollicitent les avocats pour qu’ils se fassent référencer sur des plateformes en ligne de mise en relation, c’est-à-dire finalement « uberiser ». Dans ce cas, c’est sans conteste une source intéressante de revenus complémentaires pour les cabinets de petite taille et les jeunes avocats en quête d’audience et de visibilité.
Mieux : les LegalTech les poussent à réagir, à innover et à se moderniser.
• Le Barreau de Paris a ainsi créé un incubateur en 2014.
• Le Conseil national des Barreaux a pour sa part lancé une plateforme de référencement.
• Les plateformes-robots dont nous avons parlé incitent aussi les cabinets à automatiser une partie des actes juridiques de leurs propres clients pour concentrer leurs efforts sur des services à plus forte ajoutée, source potentielle de gains de productivité.
• Ces plateformes pourraient enfin servir d’exemple à certains cabinets d’avocats pour mettre en place des offres low-cost pour les procédures les plus basiques comme cela se fait dans l’expertise-comptable.
Mais arrêtons d’opposer systématiquement l’ancien et le nouveau monde. Il appartient maintenant aux acteurs traditionnels de construire des alliances stratégiques avec les LegalTechs qui prendraient la forme d’écosystèmes d’innovation, un peu à l’image de ce qui se fait actuellement entre les banques et les start-up de la finance. Le jeu doit être gagnant-gagnant entre d’un côté ces nouveaux venus qui apportent agilité, créativité, réactivité, capacité à prendre des risques, et de l’autre des acteurs traditionnels forts notamment de leur légitimité.
Vous l’aurez compris. Les métiers du droit sont d’abord menacés par la digitalisation des procédures les plus simples. Ils seront même peut-être à l’avenir menacés d’uberisation si leur métier est davantage libéralisé. Mais une chose est sûre : ces nouveaux modèles portés par les LegalTech représentent pour les cabinets traditionnels une opportunité exceptionnelle de régénérer leur modèle d’affaires.
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Animé par la Fédération Nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), cet observatoire a pour but d'analyser l'ubérisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit, de la protection des travailleurs affiliés aux plateformes...