À l'heure d'Uber, des comparateurs en ligne et des réseaux sociaux, les pompes funèbres semblent figées trente ans en arrière. Mais l'arrivée de quelques start-up sur le marché est en train de dépoussiérer le secteur. « Depuis quelques mois, on a une floraison d'entreprises extérieures au marché qui lancent des concepts innovants, et ça fait du bien », explique Richard Féret, directeur général délégué de la Confédération des professionnels du funéraire et de la marbrerie (CPFM).
« Statistiquement, on enterre ses parents vers 57-58 ans, donc nos clients, jusqu'à présent, n'étaient pas très demandeurs », poursuit-il. Mais, une génération en chassant une autre, la demande de services augmente. « Quand, en 2009, j'ai lancé les devis en ligne, on m'a pris pour un dingue », raconte Richard Féret. Aujourd'hui, les sites de devis en ligne et de comparateurs sont légion. Et des produits un peu plus originaux sont en train de sortir de terre.
Coffrets
C'est le cas de Simplifia, une start-up lyonnaise qui entend « révolutionner » les obsèques. En 2011, encore étudiants à l'EM Lyon, Maxime Nory et Baptiste Dhaussy cherchaient un secteur où innover. « On s'est dit les pompes funèbres et on s'est lancés, sans appréhension », raconte Maxime Nory, aujourd'hui 28 ans, blondinet à l'allure juvénile. Leur premier produit cartonne : il est aujourd'hui vendu dans une entreprise de pompes funèbres sur quatre et 15 000 familles en auront profité en 2015.
Ce coffret, vendu 200 euros, propose d'effectuer à distance toutes les démarches administratives induites par un décès : clôture de comptes, assurances-vie, Sécu, résiliation EDF, etc. « Et en plus, souvent, on fait gagner de l'argent aux familles, car on connaît certaines clauses ou aides qu'elles ignorent », insiste Maxime Nory. « C'était un service qui n'existait pas du tout. Il y avait bien quelques modèles de lettres disponibles sur Internet, mais rien de plus », témoigne Christophe Biso, un de leurs clients dans les Bouches-du-Rhône.
« Web mémoriaux »
Mais Maxime Nory et Baptiste Dhaussy ne comptaient pas s'arrêter en si bon chemin. Ils ont donc mis au point un « TripAdvisor » des pompes funèbres où chaque structure est notée, commentée. Car, selon eux, ce secteur composé à 88 % de très petites entreprises a bien besoin d'un peu de transparence et de concurrence. Les commentaires sont effectivement utiles et rappellent les scènes les plus cocasses de la truculente série Six Feet Under. « Oubli de mettre les chaussures du défunt », relève par exemple Valérie S. pour une pompe funèbre lyonnaise, notée 5,3/10. À Paris, Geneviève D. souligne « la ponctualité et la discrétion » d'une enseigne en face de l'hôpital Lariboisière. « Je n'ai pas été déçue la première fois ni cette fois-ci », abonde Sylvie M.
Simplifia installe également des « Web mémoriaux », une page internet consacrée au défunt qui regroupe les informations concernant ses obsèques, recueille les messages de condoléances. En deux clics, il est possible de faire livrer des fleurs quand on est au bout du monde. Aujourd'hui labellisée « Pass French Tech », Simplifia emploie déjà 40 personnes et vise pour 2015 un chiffre d'affaires de 1,3 million d'euros. Pour 2016, ses dirigeants envisagent 30 nouveaux recrutements et un développement à l'international.
« e-faire-part »
D'autres structures proposent ce type de services, comme « enhommage.fr ». Basée dans le Nord, elle propose notamment des « e-faire-part », qui permettent de diffuser la nouvelle de la mort d'un proche, ou d'allumer une bougie virtuelle en sa mémoire. Des lieux de recueillement virtuels fleurissent également sur Internet, comme les sites celesteo.com, memoiredesvies.com ou jardindusouvenir.fr. Une alternative aux petites annonces dans le journal, archaïques pour les familles qui sont éclatées et vivent aux quatre coins de la France ou du monde.
Même si, depuis cinq ans, le site dansnoscoeurs.fr publie les avis de décès parus dans une cinquantaine de journaux régionaux et Le Figaro.