Ils s'appellent OMMi, Ikimo9 ou encore Somhome et bousculent le petit monde de l'immobilier en proposant des services plus efficaces et économiques que les acteurs traditionnels du marché. Une montée en puissance de ces nouveaux entrants qui obligent agences et sites de petites annonces à repenser leur métier. Julien Gagliardi est journaliste pour Atlantico. Il couvre l’actualité des entrepreneurs et des start-up. Il explique comment ces nouveaux entrants misent sur les défaut des agences immobilières et des sites d’annonces pour se faire peu à peu leur notoriété et leur succès. Les agents immobiliers traditionnels répliquent en mettant en avant la valeur ajoutée, la relation client et le niveau de professionnalisation. Extraits.
Dépoussiérer le secteur de l’immobilier, c’est le pari lancé par plusieurs jeunes entreprises. Leur but, rendre plus efficace et économique la recherche d’un bien à louer ou à acheter. Dans le viseur, des agences immobilières et des sites de petites annonces bien conscients que l’avenir de la profession se joue actuellement.
"Notre volonté, c’est de mettre fin au processus fastidieux qui consiste à visiter des dizaines d’appartements. Si vous vous déplacez, c’est que ça peut le faire" explique Jean-Philippe Bertin, cofondateur de SomHome.
A bientôt trois ans, la start-up parisienne, qui revendique près de 180.000 membres, propose un site d’annonces immobilières nouvelle génération. "Vous avez d’un côté des aspirants locataires qui entrent dans leur profil des critères de recherche et les détails de leur situation. De l’autre, des bailleurs décrivent le bien et leurs exigences en termes de candidats". Ensuite, l’algorithme fait le reste en remontant à l’utilisateur uniquement les annonces faites pour lui : un gain de temps et d’énergie non négligeable. "Le propriétaire n’est plus sollicité par des dossiers qui ne correspondent pas et les personnes en recherche n’ont pas de mauvaises surprises", promet l’entrepreneur qui voit en Somhome, "un site de rencontre immobilier". Il suffisait d’y penser.
Chez OMMi, un autre acteur de ce nouveau marché, la démarche est la même. Lancé en 2014, le site met l’accent sur la facilité d’utilisation. "Vous organisez votre dossier en ligne, en scannant vos fiches de paie, vos avis d’imposition etc. Dès qu’un bien vous plait, vous avez uniquement à candidater en un clic", explique Dov Haddad, cofondateur d’OMMi. Le système propose ensuite une liste au propriétaire en fonction de la pertinence du dossier. "On veut proposer une expérience de mise en relation plus simple, plus précise et plus personnelle". Et aussi plus économique, les deux services étant gratuits pour les utilisateurs.
Car c’est bien sur les travers des agences immobilières, et des sites d’annonces, que ces nouveaux entrants bâtissent peu à peu leur notoriété et leur succès. "Trop chères et trop lentes" pour les agences, "peu de valeur ajoutée" pour les SeLoger et autres PAP, les critiques ne manquent à l’encontre des acteurs historiques. Un phénomène qui rappelle celui des taxis, contraints de partager leur gâteau avec des VTC plus efficaces et qualitatifs grâce aux nouvelles technologies.
"La comparaison avec les taxis est loin d’être idiote", reconnaît Fabrice Abraham, président du réseau d’agences immobilières Guy Hoquet. "Ces acteurs sont encore faibles en termes de part de marché mais ils nous rappellent, comme avec les taxis, la nécessité de simplifier notre offre pour la rendre lisible cohérente, de développer des services personnalisés et de travailler à organiser nos consommateurs en communautés. Dans notre métier d’agents immobiliers, c’est une question de survie. Avant, notre métier c’était de vendre une information d’un bien à vendre ou à louer que l’on était le seul à détenir. Aujourd’hui ce n’est plus vrai, on doit réinventer notre métier."
Et Jean-Philippe Bertin d’ajouter : "En 2015, pour partir en vacances, vous n’allez plus dans votre agence voyage, vous passez par Kayak ou Ebookers. Comme sur ces métiers, les agences immobilières ont de moins en moins de valeur ajoutée, surtout, on a aujourd’hui tous les outils pour s’en passer".
Reste à savoir comment les acteurs historiques comptent organiser la riposte pour éviter de voir partir dans les prochaines années une clientèle locative estimée en 2014 à 1,5 million de transactions. "Nos efforts vont porter sur la certification de l’offre, le niveau de service que l’on va apporter au client", détaille Fabrice Abrahm chez Guy Hoquet. "Trop souvent, l’agent immobilier est épinglé pour sa mauvaise image qui résulte de trois griefs : sa valeur ajoutée peu perceptible, la déception dans la relation client et le niveau de professionnalisation de nos agents".
Le président de réseau d’agences immobilières, qui ne compte cependant pas se laisser faire, se voit obligé de proposer des garanties aux clients qui pousseraient la porte de ces agences. "On s’engage, si on ne vend pas dans les 90 jours, à ne pas prendre d’honoraires. Nous avons dû faire preuve de beaucoup de pédagogie auprès de notre réseau pour qu’ils prennent cet engagement. Notre salut passera également par plus de services personnalisés", pense Fabrice Abraham....