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Débat organisé à la maison des métallos, dans le 11e arrondissement à Paris, à l'occasion du premier anniversaire d'AlterEcoPlus, la publication 100% numérique d'Alternatives Economiques.

Débat intitulé : l’ubérisation de l’économie, une menace ?

  • Avec Grégoire Leclercq (président de la fédération des auto-entrepreneurs, cofondateur de l'observatoire de l'Ubérisation)
  • Adam Lévy-Zaubermann (co-fondateur de Costockage.fr)
  • Xavier Timbeau (directeur principal de l'OFCE)
  • Animation : Sandrine Foulon, rédactrice en chef adjointe à Alternatives Economiques.


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Syntec - L’Uberisation des métiers du Syntec : serons-nous tous des ubers demain ?

Lors d'une table ronde le 02/12/2015, le Syntec a abordé la question "L’Uberisation des métiers du Syntec : serons-nous tous des ubers demain ?"

avec la participation de Denis Jacquet,Syntec  co-fondateur de l'Observatoire de l'Uberisation.

Auto-entrepeneurs, atomisation de l’entreprise, fuite des talents, exigence des nouvelles générations, évolution des besoins clients, web 3.0… Opportunité grâce au big bang technologique, disruption des modes de fonctionnement, open innovation, crowfunding, logiques collaboratives… Serons-nous tous des ubers demain ?

Nos professions vivent-elles une mutation ou une simple évolution ? Quid du code du travail et de la protection sociale? Quels impacts sur la pérennité de nos entreprises ? L’ubérisation, une opportunité ?...

Nous, professionnels des métiers du Syntec, ne restons pas insensibles, prenons position ! 


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  • Date de Publication: 28/01/2016
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Grégoire LECLERCQ intervenait dans le cadre de l'Open Paris Bar au Barreau de Paris.  

  • Premier barreau de France avec 28 000 avocats (environ 50% de la profession), l'Ordre des avocats de Paris s'implique pleinement dans le débat public sur l'avenir de la justice française. Le barreau de Paris aspire à un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les pouvoirs publics et la société civile.
  • Dans ce cadre, le barreau de Paris a créé l'Open Paris Bar, un réseau de jeunes décideurs visant à mettre en relation la jeune génération d'avocats avec les acteurs publics en devenir. Lieu de rencontres au carrefour des sphères politique, économique et médiatique, l'Open Paris Bar se réunit tout au long de l'année sous différents formats (rencontres, débats, dîners) afin que ses membres puissent partager leurs compétences et leurs expertises. 
  • Le deuxième intervenant était Gaspard Koenig, dirigeant de Génération Libre
  • Le débat était modéré par Xavier Autain, avocat, membre du Conseil de l'Ordre et délégué du bâtonnier aux Affaires publiques.

Cette édition portait sur « l’Uberisation de la société ».

Quelques questions traitées :

  • "L'Uber society" est-elle un facteur d'accélérateur de croissance ?
  • Peut-on refuser ou accompagner l'ubérisation de la société ?
  • Entre les entreprises comme Uber ou Airbnb qui se réclament de "l'économie du partage" et leurs opposants qui dénoncent la "précarisation de l'emploi" ou "une sorte de thatchérisme 2.0", comment s'y retrouver ? 
  • Quel doit être le rôle et l'attitude de l'Etat envers l'ubérisation de l'économie ?
  • Protection du travail, assurance, fiscalité... comment mettre en place une ubérisation raisonnée de la société ?
  • La peur de l'ubérisation ne reflète-t-elle pas le manque d'adaptation de notre société et de nos entreprises au numérique et à l'économie 2.0 ?
  • Quels sont les conseils pour les professionnels de droit et en particulier les avocats, à l'heure de "l'ubérisation du droit" ?

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  • Date de Publication: 05/01/2016
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Le site de la Commission européenne a publié une note en date du 20 octobre dernier sur la libéralisation des services, intitulée "Améliorer le marché unique : de nouvelles opportunités pour les citoyens et les entreprises"

En mai 2015, la Commission a dévoilé sa stratégie pour le marché unique numérique, conçue pour relever les défis de l’économie numérique. Un marché unique numérique et connecté améliorera l’accès des consommateurs et des entreprises aux biens et services en ligne, tout en 2 créant les conditions nécessaires à l’expansion des réseaux et en maximisant le potentiel de croissance de l’économie numérique européenne.

La Commission relève que le mode de mise à disposition et de consommation de nombreux biens et services change rapidement : on assiste au développement rapide de l’économie collaborative, un écosystème complexe, fondé sur des services à la demande et l’utilisation temporaire de biens reposant sur des échanges conclus sur des plateformes en ligne. Pour les consommateurs, l’économie collaborative se traduit par une diversification des choix et un abaissement des prix, tandis que, pour les jeunes pousses du secteur de l’innovation et les entreprises européennes établies, elle est synonyme de perspectives de croissance aussi bien sur le territoire national que dans d’autres États membres. Elle accroît aussi l’emploi et bénéficie aux salariés puisqu’elle autorise une plus grande souplesse, qui va des micro-emplois non professionnels à l’entrepreneuriat à temps partiel. Les ressources peuvent être utilisées de manière plus efficiente, ce qui accroît la productivité et la durabilité.

Selon une étude récente , les cinq grands secteurs de l’économie collaborative (financement entre pairs, recrutement en ligne, location de logements entre particuliers, partage de voitures, diffusion en continu de musique et de vidéo) peuvent faire passer à 300 milliards d’euros en 2025 le chiffre d’affaires mondial, qui se situe aujourd’hui autour de 13 milliards d’euros. Un tiers des consommateurs européens déclarent qu’ils prendront de plus en plus part à l’économie collaborative.

Cependant, l’émergence de nouveaux modèles économiques a souvent des répercussions sur les marchés en place, créant des tensions avec les prestataires de biens et de services. De part et d’autre, les critiques ont trait au flou réglementaire entourant l’application des règles sur la protection des consommateurs, la fiscalité, l’octroi de licences, les normes de santé et sécurité, la sécurité sociale et la protection de l’emploi. Les réactions hâtives ou inappropriées à ces enjeux risquent de créer des inégalités et d’entraîner une fragmentation des marchés.

Face à ces difficultés et incertitudes, il convient d’agir. Il faut un environnement réglementaire clair et équilibré, qui permette à l’économie collaborative de se développer, protège les travailleurs, les consommateurs et d’autres intérêts publics, et garantisse aux opérateurs déjà établis ou aux nouveaux venus sur le marché l’absence de toute entrave réglementaire inutile, quel que soit le modèle économique qu’ils utilisent. Dans le cadre de la stratégie pour le marché unique numérique, une analyse du rôle des plateformes, y compris dans l’économie collaborative, a déjà été engagée. Cette initiative sera complétée par d’autres études intersectorielles et la sollicitation active des opérateurs économiques, des consommateurs et des pouvoirs publics.


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Apparu en 2014, le terme a depuis été utilisé à toutes les sauces pour parler de la nouvelle économie. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Et ces nouvelles partiques, portées par les Uber, Airbnb et autres Drivy, engendrent-elles de la croissance pour les pays concernés ou sont-elles, au contraire, un danger pour les entreprises classiques ? « Dessine-moi l’éco » s’est penché sur le sujet, en partenarait avec le Monde.


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  • Date de Publication: 03/12/2015
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Comment anticiper la disruption ? Dans une récente étude de Deloitte University Press, le cabinet de conseil Deloitte tente de donner les clés pour comprendre ce phénomène afin de l’anticiper et en éviter les dommages.

En s’appuyant sur plusieurs dizaines de cas, Deloitte a recherché les modèles symptomatiques de la disruption et de ses acteurs, et, dans un second temps donne aux entreprises en place une grille d’analyse pour tenter de prédire le cataclysme avant son avènement sur son marché.

Etudier la vulnérabilité
Pour Deloitte, éviter le désastre, c’est d’abord étudier la vulnérabilité de son marché et en imaginer les contre-feu en se posant les bonnes questions à des fins d’actions. En guise d’exemple générique, Deloitte prend comme exemple Kodak. Firme emblématique du ratage absolu en n’ayant pas vu arriver la photo numérique malgré son invention par un de ses employés. D’où cette question lancinante posée par tous les décideurs, « Comment Kodak n’a-t-il pas vu arriver la photo numérique ? », avec en corrélat, « En quoi cette technologie était-elle si disruptive qu’elle a ébranlée Kodak, pourquoi Kodak n’a pas réagi et comment se fait-il qu’elle n’ait pas pu se relever de cette rupture ? »

Pourquoi la disruption est-elle si difficile à identifier ?
Le problème avec la disruption peut se résumer simplement : elle n’est identifiable qu’une fois son action réalisée. Donc trop tard. Repensons à l’Encyclopédie Universalis, leader sur Internet jusqu’à l’explosion de Wikipedia. Aujourd’hui, un directeur d’hôtel voit-il Airbnb comme potentiel disrupteur ? Si oui, quelle réponse y apporter ? Etudier la stratégie d’Accord ou d’Expedia peut être une piste intéressante.

Avant toute analyse, Deloitte modélise l’entrée des disrupteurs sur un marché et les pertes occasionnées par ces nouveaux entrants. Il y a 5 façons pour les nouveaux entrants d’occuper le marché :

– Déplacement du marché : par exemple Amazon qui bouscule la filière traditionnelle de l’édition en offrant un meilleur service au détriment de la rentabilité recherchée par les acteurs traditionnels.
– Attaque du marché par plusieurs acteurs
– Occupation d’une large part de marché par les nouveaux entrants
– Création d’un nouveau marché qui cohabitera avec le marché traditionnel
– Consolidation entre nouveaux entrants et occupation du marché. Mort des autres.

Les analyses techno-économiques sur les nouveaux entrants sont aujourd’hui relativement complètes, on peut se reporter aux écits de Nicolas Collin ou Bernard Stiegler. Toutefois, l’identification de la menace à venir reste problématique. Pour tenter d’identifier le danger, Deloitte a dégagé 9 leviers de disruption

Les analystes reconnaîtront dans ce schéma les leviers utilisés par bon nombre de licornes à savoir :

– L’effet de réseau : profiter de la traction offerte par les réseaux dont la valeur est égale au carré du nombre d’utilisateurs.
– Utiliser les actifs sous potentialisé (les appartements pour Airbnb)
– Plateformiser : créer une plateforme de type marketplace ou lieu de médiation
– Connecter la communauté : via les applications et réseaux sociaux
– Mobiliser la communauté pour créer le produit : crowsourcing/crowdfunding
– Découpler produit et services et favoriser l’usage
– Raccourcir la chaîne de valeur : désintermédier
– Fixer le bon prix selon le service rendu
– Faire converger les produits pour que la valeur soit supérieure à la somme des parties

Malgré sa simplicité, cette matrice ne serait pas complète sans une étude du contexte et de ce que Deloitte appelle les catalyseurs. A titre d’exemple, si la photo numérique a émergé, c’est aussi parce que le contexte technique et économique le permettait. Technique avec l’industrialisation des appareils photos (et la baisse de prix associée), l’extension du parc de PC, et le coût marginal de zéro offert par la duplication des photos. Un phénomène similaire a celui connu par  le marché de la musique. Bien sûr, les catalyseurs sont nombreux et touchent à tous les secteurs  : économie, technologies, droit public et privé, politique publiques, comportement clients etc.

Dans tous les cas, la disruption viendra toujours d’un lieu hors du champ de vision de l’entreprise. En second lieu, en guise de leçon, Deloitte met en garde contre la crispation sur les modèles anciens sur lesquels l’entreprise à tendance à fonder ses analyses stratégiques et qui l’empêche de voir venir la menace tout en gardant le statu quo. Pour Deloitte, les entreprises qui réussissent la transition sont celles qui sont à la fois optimistes et humbles, mais qui sont conscientes que l’entreprise doit sortir de ses modèles et de son inertie, certes garants du succès passé, mais tout autant de l’échec futur. Autrement dit, les dirigeants doivent sortir du cadre et de leur zone de confort intellectuel pour endosser de nouveaux modèles de pensée et d’analyse.

En dernier lieu, Deloitte livre 3 réponses possibles envers la disruption

  • Contenir ou sortir : l’entreprise peut céder une partie de son marché pour en exploiter un autre pan plus rentable. Une possibilité si l’entreprise est dans le bon timing de sortie.
  • Etre le disrupteur : difficile, mais chaque barrière est surmontable si la dynamique prévisionnelle du marché est positive et autorise l’entreprise a anticiper le changement et les lignes de revenus.
  • Saper le disrupteur : selon la configuration du marché et des leviers utilisés par le disrupteur, l’entreprise peut tenter un court-circuit en minimisant l’effet attendu.

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  • Date de Publication: 03/12/2015
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La première préoccupation des dirigeants d’entreprise est de voir arriver un nouveau concurrent venu de nulle part et tirant parti de la numérisation, c’est ce qu’on appelle désormais l’uberisation.

En déclarant décembre dernier au Financial Times que "Tout le monde commence à craindre de se faire Ubériser", le patron de Publicis Maurice Levy a synthétisé dans une formule choc une des idées qui est aujourd’hui une des mieux partagées du moment.

C’est en tous cas ce phénomène de l’Ubérisation qui est devenue la préoccupation dominante des dirigeants selon l’édition 2015 de l’enquête annuelle « Redéfinir les frontières : données provenant de l’étude globale C-suite », basée sur les retours de plus de 5200 CEO, CMO, CFO, CIO et autres leaders de la C-suite (directions générales et directions fonctionnelles).

Il y a encore quelques années, dans un monde déjà mondialisé mais encore relativement conventionnel, la crainte exprimée par les décideurs était de devoir affronter un concurrent ayant un produit ou service meilleur ou à un meilleur coût. Aujourd’hui, dans l’économie bousculée par la numérisation, il s’agit de lutter contre un concurrent venu de nulle part et n’appartenant pas nécessairement au secteur. C’est ce que certains appellent les barbares. Car pour intervenir sur un marché, il suffit parfois d’une simple app mobile, d’une utilisation d’un parc existant et souvent d’une application limite des réglementations ou des législations en vigueur.

Conduite par l’Institut for Business Value d’IBM, cette étude révèle que les chefs d’entreprise attendent que la convergence de l’industrie soit la première force qui impactera leur marché dans les 3 à 5 ans à venir. Les entreprises les plus performantes donneront quant à elles la priorité aux capacités cognitives.

Les dirigeants des entreprises les plus performantes sont à 24% plus enclins à se tourner vers l’informatique cognitive. Cette étude IBM recommande aux entreprises d’utiliser l’analyse prédictive et cognitive, afin de les aider à anticiper avec le plus de fiabilité possible les événements futurs, et ainsi prendre de l’avance sur leurs concurrents non visibles. Cette idée de convergence est en tête des préoccupations devant le télétravail et le cyberpiratage.

On se souvient de la notion de convergence qui rapprochait les secteurs télécoms et informatiques. C’est ce qui avait par exemple poussé AT&T à racheter NCR ou IBM à procéder à l’acquisition de Rolm pour les revendre quelques années plus tard. Mais aujourd’hui, cette idée de convergence est totalement généralisée et concerne tous les secteurs. C’est la combinaison de l’électronique grand public et santé pour donner naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui les wearables comme Fitbit ou encore le géant de l’agrochimie Monsanto qui entend devenir fournisseur de services pour les agriculteurs (Monsanto : plein cap sur le big data). Dans ces conditions, il n’est donc pas surprenant que les technologies soient considérées comme le principal facteur de changement – pour la quatrième année consécutive – devant les évolutions du marché et les conditions réglementaires.

Dans les évolutions que pressentent les dirigeants

  • la relation avec les clients a déjà changé mais elle sera largement impactée par l’utilisation des technologies numériques, notamment avec un engagement de plus en plus personnalisé.
  • l’innovation sera un facteur majeur de compétitivité. Et cette innovation viendra de plus en plus de l’extérieur d’après les décideurs interrogés.
  • l’avènement des technologies numériques remet peu à peu en cause l’organisation même des entreprises, la manière de travailler et la prise de décision qui devient de plus à plus décentralisée.

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  • Date de Publication: 09/11/2015
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Les plateformes de type Uber seraient une menace pour un nombre croissant de professions. L’uberisation favoriserait immanquablement la concurrence par les prix, la disparation des acteurs historiques, la destruction d’emplois. Bref, ce mouvement serait en quelque sorte subi, voir une menace. Ce n’est pas toujours le cas. Car il renferme aussi un certain nombre d’opportunités pour les acteurs en place.

Prenons l’exemple des métiers du droit avec les « LegalTech » : Testamento.fr, DemanderJustice.com, Captain Contrat ou LegalStart.fr. Ces start-up du droit en ligne ont fait le choix d’un positionnement qui prend à contre-pied les pratiques des acteurs traditionnels. Pour être clair, elles font le pari d’une démocratisation des procédures judiciaires et administratives pour les particuliers et les petites entreprises. S’appuyant sur des offres 100% numériques grâce aux technologies digitales de dématérialisation et d’automatisation, ces nouveaux venus mettent très clairement en avant  l’argument prix tout en jouant la carte de la transparence sur la question des tarifs. Les LegalTech misent aussi sur d’autres propositions de valeur différenciantes comme la simplicité d’utilisation, l’accessibilité, la disponibilité, la sécurité.

Soit dit en passant, ces acteurs ne sont pas tout à fait des exemples d’uberisation. Ce sont plutôt des exemples de digitalisation d’offres traditionnelles. Car je vous rappelle que l’uberisation fait référence à la plateforme californienne de voitures avec chauffeurs Uber qui consiste  à fédérer à très grande échelle d’un côté des individus non salariés, et de l’autre des clients qui peuvent par la suite évaluer le service.

Aujourd’hui, certaines LegalTech sollicitent les avocats pour qu’ils se fassent référencer sur des plateformes en ligne de mise en relation, c’est-à-dire finalement « uberiser ». Dans ce cas, c’est sans conteste une source intéressante de revenus complémentaires pour les cabinets de petite taille et les jeunes avocats en quête d’audience et de visibilité.

Mieux : les LegalTech les poussent à réagir, à innover et à se moderniser.
• Le Barreau de Paris a ainsi créé un incubateur en 2014.
• Le Conseil national des Barreaux a pour sa part lancé une plateforme de référencement.
• Les plateformes-robots dont nous avons parlé incitent aussi les cabinets à automatiser une partie des actes juridiques de leurs propres clients pour concentrer leurs efforts sur des services à plus forte ajoutée, source potentielle de gains de productivité.
• Ces plateformes pourraient enfin servir d’exemple à certains cabinets d’avocats pour mettre en place des offres low-cost pour les procédures les plus basiques comme cela se fait dans l’expertise-comptable.

Mais arrêtons d’opposer systématiquement l’ancien et le nouveau monde. Il appartient maintenant aux acteurs traditionnels de construire des alliances stratégiques avec les LegalTechs qui prendraient la forme d’écosystèmes d’innovation, un peu à l’image de ce qui se fait actuellement entre les banques et les start-up de la finance.  Le jeu doit être gagnant-gagnant entre d’un côté ces nouveaux venus qui apportent agilité, créativité, réactivité, capacité à prendre des risques, et de l’autre des acteurs traditionnels forts notamment de leur légitimité.

Vous l’aurez compris. Les métiers du droit sont d’abord menacés par la digitalisation des procédures les plus simples. Ils seront même peut-être à l’avenir menacés d’uberisation si leur métier est davantage libéralisé. Mais une chose est sûre : ces nouveaux modèles portés par les LegalTech représentent pour les cabinets traditionnels une opportunité exceptionnelle de régénérer leur modèle d’affaires.

 


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Philippe Portier (Avocat aux barreaux de Paris, New York et Luxembourg, JeantetAssociés)

Les Français plébiscitent, à l’usage et par sondage, les percées de nouvelles formes organisationnelles d’une économie dopée au numérique. Les expérimentations se démultiplient dans des domaines aussi variés que le transport de personnes (le symbolique Blablacar, le polémique UberPop…) ou de colis (You2You, GoGoRunRun…), le « coavionnage » (Wingly), la finance (crowdfunding, Bitcoin…), la location de logements (AirbnB), le partage de livres (Booxup) ou de canapés (Couchsurfing)…

La liste est longue et la presse se fait l’écho journalier de cette vague sociétale qui bouscule les habitudes, les acquis, les rôles, les structures et le rapport à autrui, à la croissance ou à la propriété. Blablacar a réalisé en septembre une levée de fonds record de 200 millions de dollars (183 millions d’euros). Certains mènent cette révolution à coups de hache, pour l’« uberiser », prenant le risque d’être donnés aux lions, mais gagnant d’autant en notoriété et, in fine, sans doute, en parts de marché. Cynisme ? Réalisme ? Vision ?

Avant de porter sur tout cela un jugement d’ensemble sur cette révolution impulsée par la technologie, encore faut-il en définir les contours pour éviter les amalgames, et distinguer deux tendances, techniquement proches, mais économiquement différentes.

L’économie collaborative stricto sensu, s’appuie sur une mutualisation des biens, des espaces et des outils (l’usage plutôt que la possession, dans la logique de l’économie du partage), l’organisation des citoyens en « réseau » ou en communautés et l’intermédiation par des plateformes internet.

Économie uberisée

L’économie collaborative, dans un sens large, inclut la consommation collaborative (couchsurfing, covoiturage, etc.) mais également les modes de vie collaboratifs (coworking, colocation, habitat collectif), la finance collaborative (crowdfunding désintéressé) voire la production contributive (fabrication numérique, DIY, Fablabs…) et la culture libre (Wikipedia).

L’économie uberisée (la notion d’uberisation est notamment employée par l’Observatoire de l’ubérisation récemment lancé par des entrepreneurs), qui traduit l’émergence de professionnels d’un nouveau genre, concurrençant les modèles traditionnels grâce à la combinaison d’outils technologiques, communs à l’économie collaborative (les plateformes, les outils numériques et les objets connectés) et de l’autoentrepreneuriat.

Le premier modèle s’inscrit dans une dynamique non professionnelle, non concurrentielle et fondamentalement non lucrative, qui l’inscrit dans le périmètre non marchand de l’« économie domestique ». Les flux financiers, quand ils existent, relèvent du don (approche volontaire) ou de l’amortissement de frais (cas du covoiturage). Ils servent également à rémunérer les services de la plateforme de mise en relations de particuliers mutualisant leurs biens, leurs savoirs, leur temps : se rendant service, au sens non marchand du terme.

Le second modèle est en rupture, puisqu’il décrit un nouveau modèle d’entreprise horizontalisée, dématérialisée, idéalement sans salariés ni bureaux, capable de concurrencer les acteurs traditionnels via la mobilisation (par les technologiesnumériques) d’un grand nombre de prestataires, sans en assumer la charge.

Dans sa version extrême, l’économie uberisée s’affranchit également des monopoles : ceux des taxis, avec UberPop, des banques avec Bitcoin ou le crowdfunding en fonds propres ou encore des avocats avec Weclaim.

Risque de précarisation

C’est cette nouvelle forme de concurrence, semi-professionnelle, semi-régulée (voire pas), ultra-technologique, en réseau… qui inquiète le plus aujourd’hui. Le risque de précarisation sociale est souvent avancé, au risque de faire abstraction du choix des Français de diversifier leurs sources de revenus, de sortir du cadre traditionnel du rapport hiérarchique, honni semble-t-il, par les générations Y et suivantes….

Du côté des entreprises, comme l’indiquait Maurice Lévy, le patron de Publicis, en décembre 2014 au Financial Times : « tout le monde commence à avoir peur de se faire uberiser. De se réveiller un matin pour s’apercevoir que son business traditionnel a disparu ». L’économie uberisée, ou « capitalisme des plateformes », qui incarne une vision néolibérale de l’économie dans un pays traditionnellement rétif au libéralisme économique, soulève en conséquence des questions de société.

IL EST ESSENTIEL QUE, TOUT COMME POUR LE COVOITURAGE DE PERSONNES, DISTINGUÉ DU MODÈLE UBERPOP, NOS GOUVERNANTS CONTINUENT À DISTINGUER UBERISATION ET COLLABORATIF, DE MANIÈRE À PERMETTRE AUX PARTICULIERS DE MUTUALISER LEURS VÉHICULES POUR EN AMORTIR LA CHARGE OBLIGÉE

Or, s’il convient d’aborder ces questions sans œillères, ni tabou, il ne faut pour autant pas leur amalgamer celles afférentes à l’économie collaborative, qui relève d’une philosophie différente. Qu’attendre dès lors des pouvoirs publics s’agissant de cette économie collaborative qui se développe ? Certes, les enjeux sont d’importance, et nécessitent a minima une certaine neutralité, par exemple sur le plan fiscal, pour éviter les faux-semblants de la gratuité ou les excès du partage de frais, ou sur le plan social en évitant une nouvelle forme de salariat dérégulée.

Mais s’il s’agit d’éviter des effets d’aubaine, faut-il en outre dépasser cet objectif en protégeant les acteurs classiques – au nom d’une protection du citoyen-consommateur qu’il ne demande pas – grâce à un renforcement des réglementations propres aux secteurs concernés ?

Tradition bien française

Le cas du transport est topique : objet d’une réglementation lourde, le transport public de personnes ou de biens (réservé à des professionnels déclarés) aurait pu nuire à l’émergence de Blablacar, promoteur hier de l’auto-stop universel, aujourd’hui à la conquête du marché mondial, n’eut été une position favorable de la Cour de cassation en 2013, de la DGCCRF ensuite et du législateur enfin (la loi sur la transition énergétique l’ayant enfin légalisé en août 2015, s’agissant du transport de personnes).

Ce pragmatisme, inspiré par la logique écologique du concept (puisqu’une voiture doit accomplir un trajet, autant qu’elle soit remplie de personnes qui, à défaut, auraient pris un autre véhicule ou un autre moyen de transport), a été rendu possible par la finalité non lucrative de cette activité.

Or, dans le même secteur, mais s’agissant du covoiturage de colis (GoGoRunRun, You2You, Expédiezentrevous, Driivoo, Toktoktok…), la réponse semble paradoxalement - la sécurité des personnes n’étant pas en jeu - moins claire. Le Syndicat national du transport léger (SNTL) tente en effet d’alerter les pouvoirs publics devant le risque consistant, « sous couvert de transport écologique », à laisser faire « de nouveaux acteurs en dehors de toute contrainte légale et administrative ». Et les pouvoirs publics d’envisager, semble-t-il, dans une tradition bien française, de réguler cette nouvelle forme de concurrence, afin de ne pas fragiliser davantage le pavillon français.

Il est toutefois essentiel que, tout comme pour le covoiturage de personnes, opportunément distingué du modèle UberPop, nos gouvernants continuent en la matière à distinguer uberisation et collaboratif, de manière à permettre aux particuliers de mutualiser leurs véhicules pour en amortir la charge obligée. Et ainsi contribuer à répondre à l’équation - à ce stade non résolue - des livraisons dites « du dernier kilomètre », dont le coût prohibitif interdit le développement. Et ce, alors même qu’il s’agit, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), de l’un des enjeux les plus marqués de la croissance du marché des ventes, qui pourrait engendrer une croissance de 400 millions des colis à transporter vers les clients.

Ne « pas chercher à définir un secteur du numérique »

Nous ne pouvons dans ce cadre qu’adhérer aux recommandations du Conseil d’analyse économique qui, dans sa note « économie numérique » d’octobre 2015, préconise de ne « pas chercher à définir un « secteur du numérique », quels qu’en soient les contours, auquel s’appliqueraient des régimes particuliers ». Et de conclure qu’à l’inverse, « c’est l’ensemble des réglementations sectorielles qu’il convient de rendre plus dynamiques et accueillantes pour l’innovation numérique, en offrant un droit à l’expérimentation de nouveaux modèles d’affaires ».

Il est également à espérer dans ce même esprit, sur le plan fiscal, notamment, que des règles simples et efficaces permettront, comme l’a récemment suggéré la commission des finances du Sénat, à la fois d’éviter des effets d’aubaine et distinguer amortissements de charge (domaine de l’économie collaborative) et vraies recettes d’exploitation (domaine de l’autoentrepreneuriat et de l’économie uberisée).

Quand le système D à la française se trouve saisi par la technologie et offre des perspectives de croissance et d’accroissement du niveau de vie des citoyens, tout en mutualisant des sources de pollution et en générant de « licornes » à vocation internationale, il est temps que les pouvoirs publics s’inspirent a minima de la devise de Jean Cocteau : « puisque ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur ».


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  • Date de Publication: 13/10/2015
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Canal+, émission La Nouvelle Edition du 01/10/2015, où l'on parle d'ubérisation à partir de la sixième minute


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