"Ubérisation": la nouvelle révolution française

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Kira Mitrofanoff, journaliste pour Challenges, revient sur l'étude réalisée par Sociovision au long d'un article intitulé "Ubérisation": la nouvelle révolution française

Transports, logement, voyages… Le modèle Uber, collaboratif et économique, comble les attentes des Français qui veulent contourner les rigidités sociales. Derrière le conflit des taxis, un mouvement de fond.

Selon Sociovision, les Français sont plus que jamais des francs-tireurs, cela ne leur déplaît pas de contourner les règles. Dans ce contexte, les chauffeurs UberPop, pourtant considérés comme des travailleurs au noir, ont la cote.

L’arrêt d’UberPop, ce service de transport entre particuliers, la semaine dernière, n’est peut-être qu’un simple soubresaut: l’ubérisation de la société est en marche. «En France, ce phénomène, loin d’être une mode, constitue une lame de fond», affirme  Rémy Oudghiri, directeur général adjoint de Sociovision Cofremca, qui y a consacré sa dernière étude, présentée mardi 7 juillet. Pour cet observatoire qui scrute depuis 1975 les valeurs, opinions et modes de consommation des Français, plusieurs facteurs expliquent leur engouement prononcé pour l’économie du partage.

D’abord, ils sont de plus en plus impatients et veulent se simplifier la vie. De ce point de vue, l’application Uber, qui localise les véhicules disponibles en temps réel et la durée qu’il leur faut pour arriver, correspond à leurs désirs. Autre tendance en hausse, les Français sont plus que jamais des francs-tireurs. Et, dans un monde où ils ont le sentiment que les politiques sont impuissants, cela ne leur déplaît pas de contourner les règles. «57% d’entre eux, par exemple, ne trouvent pas grave de télécharger des films ou de la musique illégalement, indique Rémy Oudghiri. Et 61% affirment que le seul moyen de s’en tirer dans la vie, c’est de se trouver des combines.» Dans ce contexte, les chauffeurs UberPop, pourtant considérés comme des travailleurs au noir, ont la cote.

Un nouveau sport national

Pas question pourtant de faire de notre société une jungle. Selon l’observatoire Sociovision, parmi les mots qui tiennent le plus à cœur aux Français, le respect (62%) arrive en première place devant la liberté (43%).«Les chauffeurs de VTC, avec leur véhicule impeccable, le prix affiché à l’avance ou encore la bouteille d’eau offerte, collent bien à cette attente», fait remarquer Maryline Nguyen, directrice conseil de Sociovision. Par ailleurs, les consommateurs sont de plus en plus favorables aux circuits courts. Se passer des intermédiaires, échanger entre particuliers, éviter les acteurs traditionnels… tout cela est devenu un sport national. Pas seulement pour payer moins cher.

Blablacar, le leader mondial du covoiturage, Drivy, le numéro 1 européen de l’autopartage, ou encore Uber, dont la légende raconte qu’il a été inventé à Paris, sont les produits de ces nouvelles aspirations. «Les Français, qui continuent majoritairement à rejeter le capitalisme, désirent une société plus horizontale, affirme Maryline Nguyen. Au cours des six derniers mois, 81% d’entre eux ont expérimenté au moins une pratique collaborative, de l’achat sur Internet au covoiturage.» Et, même s’ils ont conscience que le succès d’Uber repose sur le modèle freelance, une grande majorité estime qu’il est souhaitable que de plus en plus de gens se mettent à leur compte ou créent leur entreprise! «Disposer d’une source de revenus supplémentaires pour ceux qui le souhaitent est perçu comme normal», indique l’observatoire Sociovision. C’était la principale motivation des 400.000 chauffeurs d’UberPop, interdits depuis une semaine.

Encore un retard politique

Cette lame de fond traverse tous les milieux sociaux. Selon Sociovision, près d’un Français sur deux (46%) adhèrent à cette ubérisation de la société. «Ils y voient une opportunité», explique Michel Ladet, directeur scientifique de l’observatoire. Et cela ne concerne pas seulement les néo-bourgeois ou les consommateurs hédonistes. «Le succès d’AirBnb en France s’explique en partie par le nombre de fonctionnaires dans l’éducation nationale, explique Maryline Nguyen. Ils ont pas mal de temps disponible et pas trop d’argent. Et les valeurs du partage leur plaisent.» Ce sont les piliers de l’économie collaborative. Pas sûr que les politiques en aient vraiment pris conscience. 


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Animé par la Fédération Nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), cet observatoire a pour but d'analyser l'ubérisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit, de la protection des travailleurs affiliés aux plateformes...

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