Revue de Presse

Vous êtes ici

Images: 
  • Date de Publication: 11/09/2017
  • Catégories:
  • Secteur(s)) impacté(s):

Description

Ils sont quelques dizaines, ce dernier lundi d'août, venus battre le pavé bordelais de la place de la Victoire. La mal nommée, pour eux, tant leur combat semble perdu d'avance; ces coursiers à vélo, «partenaires» de la société de livraison de repas à domicile Deliveroo, incarnent les dérives de «l'uberisation» de la société.

L'enseigne vient de faire passer une directive claire : tous les livreurs seront rémunérés à la course et non plus à l'heure. Jusque-là, les plus anciens, embauchés avant août 2016, étaient payés 7 euros de l'heure, plus de 2 à 4 euros de primes horaires. Désormais, leur salaire s'alignera sur ceux des nouveaux venus. Soit 5 euros la course en province, et 5,75 euros à Paris. «Cela ne concerne que 8 % des 7500 livreurs», assure Deliveroo, qui précise « vouloir homogénéiser l'ensemble des contrats». « L'année dernière, j'ai travaillé entre trois et quatre heures chaque soir, après la fac, pour environ 7 ou 8 courses,explique Marie, 20 ans, qui suit des études de lettres. En tout, je devais bosser 70heures par mois, pour un revenu de 750-800 euros. A ça, il faut enlever l'entretien du vélo, les charges d'auto-entrepreneur... Au final, on s'en sort tout juste.

On ne se plaint pas du système qu'on a accepté en l'intégrant, mais si Deliveroo ne tient pas les promesses faites en matière de minimum horaire... » «La réalité, c'est que l'entreprise baisse les rémunérations et annule les primes sans aucune concertation», déplore Arthur Hay. A 28 ans, ce titulaire d'un master de gestion de projets humanitaires est coursier depuis un an et demi. Mais il ne roule plus pour Deliveroo. Parce qu'il avait pris la tête de la fronde à Bordeaux, point de départ d'un mouvement de grogne qui a ensuite gagné Paris, Nantes et Lyon, il a été écarté en février. Comme tous ceux qui se sont rebellés.

«On cumule tous les inconvénients du salariat - entre autres une "hiérarchie" qui nous traite plus bas que terre - et ceux de l'auto-entreprise, puisqu'on n'a aucune sécurité, qu'on ne cotise pas, qu'on n'a pas le droit au chômage si l'on part... Aujourd'hui, cela nous touche, nous, mais il nefaut pas se tromper, prévient Arthur Hay. Demain d'autres métiers seront confrontés aux mêmes problématiques. Nous sommes le laboratoire des réformes à venir. »

Les VTC hier, les cyclistes aujourd'hui, et «demain les coiffeurs, les guides touristiques, etc. seront confrontés à cette nouvelle forme d'économie», ajoute Grégoire Leclercq, président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs, cofondateur de l'Observatoire de l'uberisation. Pour lui, «c'est incontestable, ce mode de fonctionnement entre une entreprise et ses partenaires va se généraliser. Or ce système est à cheval entre deux modèles qui s'opposent frontalement : celui du salariat et celui de l'indépendance totale». Que se passera-t-il le jour où un livreur victime d'un grave accident du travail se retournera contre la plate-forme dont il dépend ? «Evidemment, le salariat les protégerait complètement, explique Grégoire Leclercq. Mais ces structures n'ont pas la solidité financière pour assumer une requalification » de leurs partenaires cyclistes en salariés. «Elles seraient tuées dans l'instant», prévoit-il. Comment améliorer le système? «Il faudrait que les plates-formes acceptent de contribuer à une série deservices : comités d'entreprise, mutuelle prévoyance, allocation-chômage, etc. répond le cofondateur de l'Observatoire de l'uberisation. Cela a un coût, mais il est maîtrisable, et ça aurait le mérite de mieux protéger les travailleurs tout en les fidélisant. Car malgré tout, la concurrence existe entre lesplates-formes pour attirer les meilleurs. »


Images: 
  • Date de Publication: 24/07/2017
  • Catégories:
  • Secteur(s)) impacté(s):

Description

« Instaurer une logique gagnant-gagnant entre les plateformes et les indépendants »

Pouvez-vous nous présenter l’Observatoire de l’Ubérisation. ?

Grégoire Leclercq : L’observatoire de l’Ubérisation est né en août 2015. Alors président de la Fédération des Auto-entrepreneurs, j’ai compris l’ampleur des changements qu’allait provoquer la montée en puissance des plateformes et j’ai co-fondé, avec Denis Jacquet, le président de l’association Parrainer la Croissance, cet Observatoire pour penser de manière globale ce phénomène de l’ubérisation. Il s’agit d’abord de décrypter de façon rationnelle ce qu’est l’ubérisation et de réaliser un travail d’analyse et de pédagogie  dans un domaine où l’on a encore trop tendance à faire des raccourcis et à confondre ubérisation, et digitalisation, ubérisation et économie collaborative, etc. Nous nous efforçons donc de bien cerner ce phénomène de transformation de l’acteur traditionnel par l’émergence d’un modèle innovant d’intermédiation adossé aux nouvelles technologies  que sont le Big data, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets connectés et tout ce qui a trait à l’algorythmie. Il s’agit en outre de bien suivre ce que cette ubérisation produit dans chaque secteur, les impacts technique et économique n’étant pas identiques selon que vous ubérisez le transport de personnes, l’hôtellerie, l’intérim, la médecine ou encore la sécurité. Il est à noter d’ailleurs que l’ubérisation est avant tout un phénomène économique, avec des enjeux de société extrêmement importants. La deuxième mission de l’Observatoire consiste donc à faire des propositions à l’ensemble de ceux qui ont le pouvoir de décision. Voilà pourquoi nous avons publié cette année le Livre Bleu  de l’ubérisation positive « Des change makers pour ré-objectiver les débats autour du numérique en France ».

Quelles propositions faites-vous dans ce Livre Bleu pour que l’ubérisation ne soit plus subie mais réfléchie et décidée par tous ?

G. L. : Il s’agit de réfléchir au moyen de mettre en place une logique gagnant-gagnant entre les plateformes et les indépendants, de manière à ce que les premières partagent la valeur créée avec les seconds. Or, je constate que de plus en plus souvent les auto-entrepreneurs ne peuvent tout simplement pas refuser les conditions dictées par les plateformes dans la mesure où ils en sont devenus économiquement dépendants. Il ne s’agit pas d’aller vers une requalification massive en contrats de travail, mais de voir comment faire pour mieux répartir la valeur, mieux contrôler les commissions et mieux protéger les indépendants qui travaillent avec les plateformes. Pourquoi, par exemple, ne pas diminuer les commissions des plateformes les plus plébiscitées par les clients et instaurer un système de reversement de parts de dividende aux meilleurs prestataires durant l’année. Il faudrait en outre que le monde de l’ubérisation se rapproche de ce qui est mis en place ailleurs, notamment par l’intérim, pour  améliorer le quotidien  des indépendants. Les plateformes devraient notamment leur fournir une protection sociale via une mutuelle, des formations, une VAE, etc., afin qu’ils ne restent pas dans une logique de précarité. Il faut donc déjà qu’elle commencent à mettre en œuvre les dispositions prévues dans l’article 60 de la loi Travail. Concernant les relations entre les plateformes et les indépendants, il nous paraît également indispensable de se poser la question de la pertinence des critères de requalification  qui ont été définis voici une soixantaine d’années et qui ne sont pas adaptés aux réalités de l’économie numérique.

Comment voyez-vous l’évolution du rôle des acteurs traditionnels, comme les entreprises d’intérim et les cabinets de recrutement, par rapport à celui des nouveaux acteurs qui apparaissent ?

G.L. : Je pense que l’ubérisation du monde du recrutement est tout à fait possible. Certains acteurs commencent d’ailleurs à faire des choses intéressantes dans ce domaine en utilisant au mieux l’intelligence artificielle, le Big data, le machine learning, etc. Mais bien évaluer la demande, trouver les compétences requises et avoir les personnes disponibles en temps réel, nécessite beaucoup d’investissements et de traitement de la donnée. Pour ces acteurs, la part technologique est plus lourde que dans d’autres secteurs d’activité.

Il y a ensuite la façon dont on peut tirer des enseignements de ce qui est mis en place par ces acteurs traditionnels pour sécuriser les parcours des salariés intérimaires. Jusqu’à présent, nous avions les deux grands blocs que sont le salariat soumis aux règles du code du travail et le travail indépendant classique qui relève exclusivement du code du commerce. Avec l’ubérisation, un troisième système émerge pour lequel il va falloir essayer d’allier le meilleur de la relation salariale avec le meilleur de la relation commerciale. Et il me semble qu’un certain nombre d’acteurs de l’intérim pourraient proposer des solutions pour des d’indépendants via des plateformes. 


Images: 
  • Date de Publication: 02/06/2017
  • Catégories:
  • Secteur(s)) impacté(s):

Description

Grégoire Leclercq était l'invité de RTS le 18 mai 2017, pour évoquer l'Observatoire de l'Ubérisation. Au programme, l'ampleur du phénomène de l'ubérisation, ses enjeux de société, la protection de l'indépendant qui travaille en lien avec ces plateformes...


Description

Davanti a fenomeni nuovi, che investono radicalmente l'economia e disgregano il sociale servono forze e forme altrettanto nuove di intermediazione. In Francia, un gruppo di ricercatori e startupper indipendenti si è mosso dando vita all'Observatoire sur l'uberisation. E il 18 ottobre lancia l'appello per gli "Stati Generali" dell'uberizzazione.

Nato dal nome di una società di trasporto atipico - la Uber, azienda fondata nel 2009 a San Francisco che propone servizi di trasporto alternativi ai taxi - il neologismo "uberizzazione" è oramai entrato nell'uso comune, ma che cosa comporti sul piano economico e, soprattutto, su quello sociale è ancora poco chiaro. Anche perché, il fenomeno di cui Uber è al tempo stesso conseguenza e causa va ben al di là del settore dei trasporti cittadini.

Con uno smartphone e i servizi di geolocalizzazione integrata, tutti possono competere con tutti e, almeno per ora in linea teorica, accettare da tutti "lavori a chiamata". Tassisti, ma anche baby sitter, idraulici e persino medici. Un servizio? O una vera e propria dinamica finanziaria che rischia di travolgere e portare via con la piena, al netto delle rendite di posizione, interi settori della nostra economia?

Uberizzazione

L'uberizzazione nasce all'incrocio fra economia della condivisione e innovazione tecnologica, toccando tanto la ricerca di una maggiore competitività delle imprese quanto - e questo è il lato spesso lasciato nell'ombra - il desiderio di libertà e indipendenza di moltissimi cittadini-consumatori. Si tratta di un fenomeno che, partito da un micro segmento delle nostre economie (i trasporti), sta impattando con conseguenze davvero radicali su tutto il settore dell'offerta di beni e servizi. Talvolta, uberizzazione è usato come sinonimo di "disruption", distruzione.

Il neologismo "uberizzazione" indica almeno due fenomeni legati con il processo di progressiva finanziarizzazione dell'economia quotidiana. Da un lato, "uberizzazione" significa conversione di servizi e prestazioni lavorative continuative, tipiche dell’economia tradizionale in attività che invece vengono svolte solo su richiesta, a cottimo come si diceva un tempo. Dall'altro, indica un modello di business improntato a quella che il gergo aziendale chiama gig economy.

Gig economy

Ma che cos'è la gig economy? È un modello dove le prestazioni lavorative stabili sono azzerate e, di conseguenza, gli impiegati e i dipendenti a tempo indeterminato praticamente non esistono, poiché l'offerta di prodotti o servizi avviene solo "on demand", quando c'è richiesta.

Grazie alle nuove tecnologie, sia sul piano della fornitura di beni e servizi sia su quello del settore manifatturiero, questo modello è diventato estremamente pervasivo. Con ricadute qualitative immediate, ma non sempre quantificatificabili.

Settori uberizzati

Tra i settori oggi fortemente "uberizzati" ci sono i taxi, le librerie, gli hotel (dove oramai si sta affermando il modello-cassaforte robotizzato, senza portiere o personale: tutto automatizzato, dalla prenotazione al check-out), le banche, le professioni giuridiche e la ristorazione. Oggi, a frenare l'uberizzazione sono ostacoli - "sfide" preferiscono chiamarle i guru dell'uber for all - di natura fiscale, sindacale e territoriale. Puntelli che, dinanzi alla digitalizzazione sempre più integrale, rischiano di essere considerate - e talvolta lo sono davvero - come "inutili rivendicazioni" o "rendite di posizione" fuori dal tempo.

Guidare i processi in corso o farsi trascinare

Capire i processi è necessario per accompagnarli e rinnovare i diritti sociali e del lavoro. Ne sono convinti Grégoire Leclercq​, di professione imprenditore, e i numerosi colleghi con cui ha fondato l'Observatoire de l’ubérisation. A metà tra il centro studi e il meet-up, indipendente, composto da ricercatori sociali, startupper e da addetti di quello che un tempo si sarebbe chiamato "terziario avanzato", l'Osservatorio fa i conti con la modernità e con le spinte - digitalizzazione, valorizzazione dell'esperienza dell'utente, indipendenza" - che ad oggi sembrano indicare nell'uberizzazione un fenomeno che sul medio lungo periodo risulterà vincente.

Scopi dell'Osservatorio, spiega Leclercq, sono; praticare ricerca e innovazione sul tema del finanziamento del sistema sociale, riattivare il dialogo sociale con nuovi intermediari, studiare nuove regole fiscali per il lavoro e mettersi in campo per una proposta di riforma del diritto del lavoro.

L'uberizzazione si mescola con altri fenomeni: la disruption, ovvero la fine di interi settori lavorativi in seguito al passaggio al digitale, e la sharing economy. Fenomeni non sempre, di per sé, negativi, ma- afferma Leclerq - "proprio per questo da studiare. Siamo dentro un processo e dobbiamo capire come non affondare. Si tratta di un fenomeno complesso e dalle molte facce, dobbiamo capire questa complessità e affrontarla per quello che è, ma con urgenza".

Stati Generali dell'uberizzazione:18 ottobre

Proprio per questo, il 18 ottobre prossimo, l'Osservatorio lancia "Les Asise de l'Ubérisation", un incontro modello "Stati Generali" per "riunire economisti, decisori, imprenditori, grandi aziende, parlamentari, donne e uomini impegnati in poltiica, sindacalisti, giornalisti e far discutere sulla rivoluzione digitale, sociale e economica in corso". Alla domanda più specifica sul "cosa" si discuterà, Leclercq spiega che si discuterà di "adattamento": "come possiamo adattarci a questi mutamenti? Dobbiamo accettarli così come sono, tentare di governarli o combatterli punto e basta? Quali nuove forme di lavoro dovremmo favorire? Queli invece dovremmo preservare dall'uberizzazione? Domande per ora senza risposta che è comunque importante porsi e porsi con urgenza"


Images: 
  • Date de Publication: 06/04/2017
  • Catégories:
  • Secteur(s)) impacté(s):

Description

Selon l’Observatoire de l’ubérisation les secteurs les plus ubérisés sont, par ordre décroissant

  • À 70 % : les taxis, la location, l’éducation et les services à la personne. Exemple : la société… Uber, dont les voitures de tourisme avec chauffeur concurrencent les taxis
  • À 60 % : les librairies. Exemple : Amazon, qui propose aux auteurs de publier leur œuvre sous forme électronique
  • À 50 % : les hôtels. Exemple : Airbnb qui propose des lits chez les particuliers
  • À 40 % : les experts-comptables et les banques. Exemple : les plates-formes de crowdfunding qui se passent du système bancaire
  • À 30 % : les avocats, les restaurateurs, la santé, les services publics, le stockage, la logistique, la mode, le marketing, le conseil fi nancier. Exemple : WeClaim qui propose de régler certains litiges en ligne. Ou encore VizEat, qui propose d’aller déjeuner ou dîner chez l’habitant
  • À 20 % : le bâtiment. Exemple : Hellocasa qui propose des travaux de bricolage à la demande

Ces chiffres (qui seront réactualisés en septembre prochain), sont le croisement de trois indicateurs, comme l’explique Grégoire Leclercq, le président de l’Observatoire : l’appétence des consommateurs pour les services ubérisés, le nombre de start-up présentes dans ces secteurs, et les parts de marché dont elles se sont emparées.

Création/destruction

« On compte environ 180 plates-formes ubé- risées en France, pour un chiffre d’affaires de l’ordre du milliard d’euros, avec un taux de croissance de 35 % par an et une multiplication par vingt en dix ans, précise Grégoire Leclercq. Elles emploient 14 000 personnes, auxquelles s’ajoutent 200 000 auto-entrepreneurs travaillant pour elles. » Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’Observatoire a été fondé par la Fédération des auto-entrepreneurs (présidée par G. Leclercq), en partenariat avec l’association Parrainer la Croissance. « Une enquête montre qu’un quart des auto-entrepreneurs augmentent leur chiffre d’affaires d’au moins 40 % en travaillant avec une plate-forme de services aux particuliers ou aux entreprises », souligne le président de l’Observatoire. Mais loin de verser dans un angélisme béat, celui-ci souligne au contraire l’ambivalence de l’ubérisation. « D’un côté elle est créatrice de valeur, elle rend des services appréciés par les consommateurs, et elle est aussi un formidable vecteur de promotion sociale. Ainsi, 70 % des chauffeurs VTC d’Uber sont issus des quartiers sensibles. Mais d’un autre côté, l’ubérisation sape tous les acquis obtenus depuis 1936. C’est un bouleversement de la protection sociale et du droit du travail, une remise en cause de nombreux métiers. C’est pourquoi également on ne peut pas avoir un discours tout fait sur l’ubérisation. » L’Observatoire a précisément pour vocation de dépassionner le débat, « en faisant de la pédagogie et des propositions »

Frédéric Marais


Images: 
  • Date de Publication: 03/01/2017
  • Catégories:
  • Secteur(s)) impacté(s):

Description

Le cofondateur de l'Observatoire de l'Ubérisation était l'invité d'Europe 1 à propos du conflit qui oppose Uber et les VTC.


Images: 
  • Date de Publication: 03/01/2017
  • Catégories:
  • Secteur(s)) impacté(s):

Description

Denis Jacquet, pouvez-vous apporter plus de précisions sur le terme d’ubérisation ?

L’expression a été utilisée pour la première fois par Maurice Lévy, le PDG de Publicis. Pour moi, il exprime le bouleversement que la vulgarisation des technologies et l’accélération de leur utilisation créent dans notre société.

Elles touchent potentiellement l’homme, avec le post-humanisme ; le travail, avec la robotisation ; notre autonomie et autodétermination, avec l’intelligence artificielle ; ou encore le modèle capitaliste, basé sur un équilibre toujours renégocié entre capital et travail, qui saute avec l’arrivée des indépendants, ceux-là même qui forment la base du modèle de l’ubérisation.

Le tout est financé par des fonds qui cherchent à monter des monopoles, qui échappent à toute concurrence en contournant les modèles existants.

Pourquoi le modèle de l’économie collaborative est-il remis en cause aujourd’hui?

D’après moi, c’est d’abord la faute des politiques. Ils sont aveuglés par la toute puissance américaine et veulent “se payer les Ricains”. Or, ils ne réalisent pas qu’en égratignant des géants qui se remettront facilement des lourdes pénalités, ils vont tuer nos petits acteurs français, qui n’ont pas les reins assez solides pour y survivre.

Alors, en France, on interdit (UberPop, Heetch), on taxe (YouTube, Airbnb) et on soumet au RSI (la location de voiture entre particuliers, par exemple). Au lieu d’observer, réguler et adapter, on tue, sans réfléchir, une économie qui mérite de se développer car elle crée de la valeur et des emplois pour les basses qualifications et progressivement pour les moyennes qualifications.

C’est donc politique et dogmatique. Et aucun candidat à la présidentielle n’en parle, c’est dommage.

Le collaboratif n’est-il pas une nouvelle mode vendue par le capitalisme ?

Il n’y a pas ou peu d’économie vraiment collaborative au sens pur du terme, entre particuliers, en circuit court, non capitalisée. Cela ne représente rien en poids économique. Il n’y a pas de mal à ce que le collaboratif soit assis sur un modèle libéral.

En revanche, c’est problématique qu’il soit forgé sur un modèle encore plus capitaliste que l’ancien, qui ne fonctionne déjà plus. Le capitalisme permet la pérennité, il ne faut pas en avoir peur. Il faut plutôt redouter que le petit nombre d’investisseurs mondiaux qui possède ces plateformes s’enrichissent encore sans partager la valeur avec ceux qui la font et accroissent toujours les inégalités.

Ce n’est pas la machine le problème, mais ceux qui s’en servent. Il faut donc chercher comment, par quel mécanisme, nous pourrions assurer le partage de la valeur créée.

Comment cadrer le développement du modèle économique collaboratif ? Quels moyens mettre en place ?

Je pense qu’il ne faut pas légiférer mais réguler et adapter en permanence. On ne peut pas graver dans le marbre une économie virtuelle qui échappe au physique. Exemple: rendre les livreurs ou chauffeurs VTC actionnaires des plateformes implique de faire comprendre le double intérêt de cette initiative. Si la boîte a du succès, les indépendants toucheront, grâce à leur travail, l’équivalent de plusieurs années de revenus. Donc tout le monde est content et l’ascenseur social, pour les plus faibles, se remet en route. Et cela, grâce à un capitalisme populaire, qui achète du capital par son travail.

Autre exemple: la question des protections de santé, de retraite, d’une assurance chômage. Ceux qui les mettront en place rafleront la mise. Comment ? En attirant les indépendants avec de meilleures conditions sociales.

Le numérique: un outil d’ouverture ou d’individualisme ?

Difficile à dire. Le numérique donne un support à des révolutions, un rempart à des injustices, la capacité de se mobiliser pour les autres de façon plus large et surtout plus transparente. Mais en même temps, on est sans cesse tenté de sacrifier cela à l’égoïsme et l’immédiateté. L’ubérisation peut devenir notre plus beau rêve ou notre pire cauchemar.

Lire : L’Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?, de Denis Jacquet et Grégoire Leclercq (éd. Dunod)


Description

Avec: Denis Jacquet et Grégoire Leclercq, auteurs de "Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?", aux éditions Dunod. - La librairie de l'Éco, du vendredi 25 novembre 2016, présenté par Emmanuel Lechypre, sur BFM Business.


Description

La journaliste Carine Lauga revenait en juin sur le rôle de l'Observatoire de l'ubérisation, qui entend « prendre de la hauteur » sur les enjeux de ce phénomène qui monte en puissance.

Au menu de l'interview :

  • Que se cache-t-il derrière le terme « ubérisation » ?
  • Où vont les analyses des huit groupes de travail créés au sein de l'Observatoire, qui feront l'objet d'un « Livre bleu » présenté lors des Assises de l'ubérisation en octobre prochain ?
  • Le rôle de l'Observatoire dans la Loi El Khomri, ministre du Travail
  • Quid dans le secteur du bâtiment ?
  • La montée en puissance se fait-elle doucement ?
  • Les fédérations professionnelles du secteur prendront-elles le train en marche ?

Pages

INSCRIVEZ-VOUS A LA
NEWSLETTER FNAE

Découvrez l'actualité de l'auto entrepreneur par la Fédération Nationale des Auto Entrepreneurs. Et soyez informés des dernières publications et des dates d'événements à venir !

A PROPOS

Animé par la Fédération Nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), cet observatoire a pour but d'analyser l'ubérisation, d'apporter un constat précis et de proposer des pistes de réflexion autour de la réforme du code du travail, du dialogue social, de l'évolution du Droit, de la protection des travailleurs affiliés aux plateformes...

INFOS DE CONTACT

Carte du monde Uberisation