Suspension d'UberPop: qui sortira vainqueur du combat Taxis vs. VTC ?

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  • Date de Publication: 03/12/2015
  • Catégories: Les tribunes
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Philippe Corrot a confondé la marketplace de la Fnac.com et, préalablement, Keyrus. Il cofonde en 2012 Mirakl pour proposer à tous la solution marketplace développé pour la FNAC. En un peu plus de trois ans d’existence, Mirakl compte déjà parmi ses clients les Galeries Lafayette, Boulanger, Nature et Découvertes, Darty, MisterGoodDeal, Rue du Commerce, le groupe Lagardère, Auchan, Menlook, etc. L’entreprise est devenue leader mondial sur son secteur. Fin 2014, Mirakl a ouvert un bureau à Boston et un autre à Londres. Mirakl a connu une croissance de 200% du CA en 2014 et compte aujourd’hui 55 clients dans 11 pays différents. Philippe Corrot prend ici une approche globale de l'Ubérisation : Uber n’est qu’un cas isolé d’une mutation des modes de consommation globale. On va vers un modèle économique basé sur la désintermédiation (mise en relation directe des consommateurs et des producteurs/prestataires). Ce qui permet aux consommateurs d’avoir accès à une offre plus étendue pour des prix plus bas avec une très bonne qualité de service.

Alors que le service UberPop vient d’être suspendu en France, le débat s’intensifie aussi bien chez les politiques que dans la sphère publique. Uber abandonne-t-il vraiment le marché français ou bien ne fait-il que reculer pour mieux sauter ? Les décideurs français ont-ils vraiment les moyens d’empêcher une véritable tendance de fond qui est bien loin de ne concerner que les transports ?

Innovation vs. conservatisme

Comme Uber, de nombreuses entreprises ayant prospéré grâce à Internet sont, par le passé, allées à l’encontre de la législation en vigueur. On a vu ainsi émerger au début des années 2000, les questions liées au respect du droit d’auteur face au développement d’Internet et en particulier face à celui de Google, Napster ou Youtube. Depuis quelques années, ce sont Facebook et autres réseaux sociaux qui remettent en question les règles autour de la vie privée. Cette problématique n’est pas nouvelle, et elle persistera à mesure que l’innovation entrera en conflit avec les traditions et les intérêts de professions protégées au détriment des autres acteurs du marché et des consommateurs.

On retrouve le phénomène de destruction créatrice, décrit par Schumpeter : l’innovation est condamnée à modifier les structures économiques et à « détruire » certaines activités pour mieux les recréer, de manière plus efficiente. Cela entraine inévitablement des frictions, mais l’histoire nous montre que c’est un phénomène à la fois inéluctable et positif. Exemple proche de nous, l’industrie musicale s’est longtemps accrochée au seul modèle qu’elle connaissait (la vente matérielle d’un disque) et a tenté de contrer la dématérialisation de la musique sans comprendre qu’avec elle les consommateurs avaient d’autres attentes et profiteraient désormais différemment de la musique. Aujourd’hui, l’industrie musicale a intégré cette évolution des mœurs et accompagne la dématérialisation grâce à des plateformes comme Deezer ou Spotify. Mais cela ne s'est fait ni du jour au lendemain ni sans conflit ! Tendance de fond, la dématérialisation de la culture pousse les industries les plus anciennes à s’adapter à la consommation 2.0. Le monde du livre n’est pas exempt et commence d’ailleurs à proposer des réponses numériques adaptées aux usages des lecteurs.

Au lieu de continuer à faire vivre un modèle économique obsolète, les pouvoirs publics ont donc intérêt à accompagner les mutations profondes de l’économie et de la société plutôt que de vainement tenter de les freiner.

Le client est toujours le roi

Si on prend le cas d’école « Uber », nul ne peut nier son succès. Un succès que la jeune entreprise n’aurait jamais pu connaitre si elle n’avait pas répondu à un besoin réel des consommateurs. Le modèle économique d’Uber qui prend la forme d’une place de marché numérique, c'est-à-dire un modèle de désintermédiation qui met en lien direct le prestataire et le client, valorise la qualité de service avant tout. Dans un marché ouvert, ce qui va dans l’intérêt des clients, va dans celui de 150831 – Tribune Libre par Philippe Corrot l’entreprise, de l’économie et de la société. La preuve, les clients des VTC sont aujourd’hui plus satisfaits que ceux des taxis !

Uber a démocratisé l’accès à un service de grande qualité et il n’est pas envisageable aujourd’hui que le législateur et les concurrents puissent retirer cet « acquis » au consommateur. Ce sont les taxis qui devront s’aligner sur cette qualité de service et aux pouvoirs publics de rendre l’accès au marché le plus ouvert possible afin que le métier et les services puissent évoluer en même temps que les attentes consommateurs. C’est une véritable prise de pouvoir du consommateur qui concerne tous les secteurs. Ne pas être à leur écoute conduira les entreprises nécessairement à l’échec. Tous ceux qui ont perdu le sens du service et l’écoute du client, le paient aujourd’hui. Et ce n’est que le début !

Pourquoi le modèle d’Uber finira par sortir vainqueur

Plutôt que de reprocher à ceux qui bousculent le marché de mettre en péril les acteurs historiques qui n’ont pas su innover, il faut les accompagner sur la voie du changement et de l’innovation tout en se remettant en question.

Les taxis le savent peut-être déjà : sur le long terme leur combat est perdu d’avance. Un combat qui aurait pourtant pu être vécu comme une opportunité afin de se libérer des carcans qui les enserrent : au lieu de demander une application des mêmes contraintes à tous, pourquoi ne pas demander une libération pour tous ? Il est essentiel de chercher un bon équilibre entre le choc technologique et les règles de droit existantes au lieu de ne laisser place qu’à la confrontation : résoudre le problème des licences, uniformiser les statuts ou le montant des charges, bref, aller dans le sens d’une économie où l’offre et la demande, les besoins et les solutions, sont agrégés de manière optimale.

Il ne faut pas se leurrer et croire que le conflit Uber/Taxis est périphérique. D’autres places de marché dépoussièrent chacune à leur façon les conventions qu’il s’agisse d’Amazon sur les produits culturels ou d’Airbnb sur l’hôtellerie. On pourra espérer que les conflits entre innovateurs et acteurs historiques seront moins violents à l’avenir. 


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